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François Hollande : « Quel est cet allié turc qui frappe nos propres alliés? »

Dans un entretien au « Monde », l’ancien chef de l’Etat sort de sa réserve et s’inquiète de l’évolution de la situation en Syrie.

Propos recueillis par  et

Publié le 12 mars 2018 à 06h38, modifié le 12 mars 2018 à 11h52

Temps de Lecture 6 min.

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L’ancien président de la République, François Hollande, à Paris, le 11 mars.

La progression des forces turques contre les Kurdes d’Afrin et l’intensification de l’offensive du régime syrien dans la Ghouta orientale, près de Damas, où ses forces ont isolé la ville de Douma, ont incité François Hollande à sortir de la réserve qu’il s’était imposée depuis son départ de l’Elysée, à propos des questions internationales.

Pourquoi avez-vous décidé de sortir du silence sur la tragédie syrienne ?

Je me sens à la fois solidaire et responsable. Solidaire parce que je n’oublie pas ce que les Kurdes ont pu faire en un moment extrêmement difficile pour permettre à la coalition de chasser Daech de Rakka et au-delà. Il n’est pas possible de célébrer la libération d’une partie de la Syrie et de laisser mourir des populations entières dont on sait qu’elles ont joué un rôle déterminant pour arriver à ce résultat.

Mais je me sens également responsable pour la Ghouta. Je n’avais pas été l’auteur de la fameuse « ligne rouge ». C’est Barack Obama qui l’avait définie à propos de l’utilisation des armes chimiques. En août 2013, les Etats-Unis, après un bombardement au gaz sarin par le régime [de Damas] dans la Ghouta orientale, plutôt que mener des frappes militaires, avaient préféré négocier avec les Russes et la communauté internationale la destruction de l’arsenal chimique du régime. Nous les avions suivis.

Bachar Al-Assad a néanmoins gardé de telles armes et il n’hésite pas à continuer à y recourir, même s’il le fait de façon plus discrète et donc plus pernicieuse encore. La Russie, elle, est toujours là pour bloquer aux Nations unies des enquêtes pouvant déboucher sur des sanctions. Elle est toujours là aussi pour empêcher que des résolutions soient votées au Conseil de sécurité, ou faire en sorte qu’elles demeurent lettre morte.

Que serait-il possible de faire ?

Je ne veux pas compliquer un jeu qui l’est déjà beaucoup. Mais je pense que les puissances démocratiques – j’insiste sur ce mot, démocratique – doivent prendre conscience de leur responsabilité, de ce que peuvent être leur influence et leur rôle.

Il y a en Syrie aujourd’hui trois grands acteurs qui sont à l’offensive. Le régime, bien sûr, qui avance en détruisant avec l’aide de combattants iraniens ou du Hezbollah. Après Alep et d’autres villes, c’est maintenant le tour de Damas, car la Ghouta, c’est la banlieue de la capitale.

Le deuxième acteur, c’est la Russie qui, face à l’inertie des pays occidentaux, appuie cyniquement le régime et contribue même aux exactions.

Le troisième, c’est la Turquie, qui a compris, après avoir été un moment en conflit avec Moscou, la partie qu’elle pouvait jouer : le partage. Ce n’est pas une coïncidence si ces deux épreuves de la Ghouta et d’Afrin se déroulent au même moment. La Russie a laissé faire Ankara à Afrin, et la Turquie va retirer une partie des rebelles qu’elle soutient de la Ghouta, dont certains pourront même aller en renfort dans l’attaque contre Afrin.

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