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Maroc, Tunisie, Iran, Afghanistan… La révolte des femmes

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Maroc, Tunisie, Iran, Afghanistan… La révolte des femmes

Féminisme

Par Fiammeta Venner , et Caroline Fourest

Publié le

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Au Maroc, en Tunisie, en Iran ou en Afghanistan, des femmes se lèvent contre les violences dont elles sont victimes et réclament aussi l'égalité des droits. Au prix d'un flot continu d'injures et de menaces.

Le féminisme vit une crise de croissance. Il y a quelques années encore, le mot était tabou, synonyme de guerre « hystérique » contre les hommes. Les jeunes générations le prononçaient du bout des lèvres. Les actrices l'évitaient pour ne pas perdre en charme et en cachets. Sur la photo officielle, les choses ont bougé. Les stars posent en tee-shirt « Comment peut-on ne pas être féministe ? ». Le féminisme est devenu tendance. Tout le monde s'en revendique, même ceux qui le combattent.

Nouvelle tactique : se l'approprier pour en détourner le sens. Hier, être féministe voulait dire se battre pour l'égalité et l'émancipation de toutes les femmes. Désormais, de jeunes militantes « intersectionnelles » - noyautées ou juste inconscientes - accusent le féminisme universaliste de racisme et lui préfèrent un droit à l'émancipation découpé en tranches, selon les cultures et les religions. Quand il ne s'agit pas de réclamer le droit de se prostituer ou de se voiler. Malgré la dépolitisation ambiante, une partie du féminisme universaliste résiste (Femmes solidaires, le Collectif Droits des femmes, Femen et tant d'autres), mais le Planning familial préfère tweeter frénétiquement pour soutenir l'organisation Lallab, un laboratoire du « féminisme islamique ». Persuadée que la solution viendra du Coran, sa grande prêtresse, Asma Lamrabet tient le même discours que l'extrême droite catholique : la libération de la femme et des mœurs nous auraient conduits à « une perte des valeurs morales » et à « l'éclatement de la cellule familiale », aboutissant à une société occidentale dangereusement « permissive » . Ses ouailles s'émeuvent des viols collectifs qui secouent le Maroc - et que la pudeur islamique empêcherait ? -, mais leur vrai combat est en France, où elles revendiquent surtout le droit de se voiler. De jeunes organisations tombent dans le panneau de croire que c'est un choix comme un autre, et appellent à respecter tous « les féminismes ». Celui qui milite pour l'émancipation sexuelle comme celui qui préfère cacher le corps des femmes par respect de Dieu ? C'est la novlangue du relativisme : ne plus distinguer l'émancipation de la réaction, le recul du progrès, et au final l'antiféminisme du féminisme.

PENDANT QUE DE JEUNES ENFANTS GÂTÉES REFONT MAI 68 ET LE MLF À L’ENVERS, LES NOUVELLES FÉMINISTES CRIENT COMME JAMAIS.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne