On les croyait bandits, mais ils devenaient terroristes

Ch.Ly.
On les croyait bandits, ils devenaient terroristes
©BELGA

Une des raisons qui expliquent pourquoi les terroristes des attentats de Paris et de Bruxelles ont échappé aux policiers est que certains de leurs actes préparatoires – comme la vente de 31 chargeurs de kalachnikovs à Khalid El Bakraoui entre octobre 2014 et septembre 2015 - relevaient plus du banditisme que du terrorisme.

« A l’époque, nous n’avons pas fait le lien entre les chargeurs de kalachnikovs et le terrorisme. Nous ne commettrions plus la même erreur aujourd’hui », reconnaît le Procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, qui s’exprimait jeudi à une conférence sur les liens entre terrorisme et criminalité organisée à Bruxelles par l’Institut Egmont.

Ces liens sont importants dans la génération des Européens qui ont rejoint à partir de 2012 les rangs du Front Al-Nosra, puis de Daech.

Près de 50% des djihadistes belges et français avaient un casier judiciaire avant de partir en Syrie. Ce taux monte même à 64% chez les djihadistes néerlandais, souligne Peter Neumann, professeur au département des War Studies du Kings College à Londres.

Une "nouvelle génération" différente

« Les terroristes du 11 Septembre venaient de la classe moyenne arabe », a-t-il dit. « Ils étaient socialement privilégiés. Ils étudiaient la médecine ou voulaient devenir ingénieurs ». Mais la nouvelle génération est différente. Elle est issue « de zones géographiques et de groupes démographiques qui sont coupés de la société en général et qui deviennent des proies faciles pour les organisations criminelles et les recruteurs djihadistes », souligne un rapport rédigé à cette occasion et intitulé « La connexion criminalité-terrorisme en Belgique et au Luxembourg ».

Une étude allemande montre ainsi que 60 % des terroristes du 11 Septembre avaient fait des études universitaires contre 12% des djihadistes européens partis vers l’ex-califat islamique.

Frédéric Van Leeuw estime que ces liens étroits entre le milieu criminel et le terrorisme imposent d’élargir l’approche dans les enquêtes. « Nous sommes trop concentrés sur le terrorisme et sur la recherche des éléments qui le prouvent », dit-il. « Le crime organisé créé un dommage systémique à notre société plus important que le terrorisme », a-t-il ajouté, sans vouloir minimiser le nombre des victimes du terrorisme.

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