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La créatrice de #Balancetonporc : "Il y a eu 848.000 messages sur les réseaux sociaux en cinq mois"

ASSISES DU JOURNALISME - La journaliste Sandra Muller a lancé le hashtag #Balancetonporc il y a cinq mois. Elle revient pour le JDD sur son parcours depuis et son combat contre le harcèlement sexuel.

Thomas Liabot , Mis à jour le
La journaliste Sandra Muller a lancé le hashtag #Balancetonporc.
La journaliste Sandra Muller a lancé le hashtag #Balancetonporc. © JDD

Elle a créé le hashtag #Balancetonporc en pleine Affaire Weinstein . Poursuivie en diffamation par Eric Brion, l'homme qu'elle a accusé nommément sur Twitter de comportement déplacé, la journaliste Sandra Muller était invitée des Assises du journalisme , vendredi, pour évoquer les questions de harcèlement dans les rédactions. L'occasion de revenir pour le JDD sur ses cinq derniers mois et la suite de son combat alors qu'elle vient de créer une association pour défendre les victimes de harcèlement ou de viol sur leur lieu de travail.

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Avec le recul, quel regard portez-vous sur le mouvement #Balancetonporc que vous avez lancé mi-octobre?
Je ne pensais pas que ça prendrait cette ampleur-là, que ça deviendrait un mouvement national. #Balancetonporc a été créé un vendredi 13, ça m'a porté chance finalement, comme à toutes les victimes. C'était deux jours avant #MeToo (un mouvement similaire créé aux Etats-Unis, NDLR). Très vite, j'ai été dépassée, mais j'ai assumé mes responsabilités, c'est-à-dire répondre aux sollicitations de la presse et des victimes. Durant les trois premiers mois, c'était un cauchemar en terme de vie privée. Mais on en est à plus de 848.000 messages sur les réseaux sociaux (principalement Facebook et Twitter) en cinq mois selon Visibrain, plus de 8.000 articles sur le sujet, ce qui est une grande satisfaction. En tant que journaliste, c'est vraiment appréciable de voir que les gens veulent s'informer sur ce mouvement.

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Une association et bientôt un label créés pour les entreprises

Vous avez été poursuivie en justice par Eric Brion après avoir dénoncé des propos déplacés qu'il aurait tenu. Où en est cette affaire?
Il me réclame 140.000 euros. J'ai donc monté une collecte de fonds sur Gofundme qui couvre mes frais d'avocats puisque j'ai récolté 14.000 euros. Avec le petit surplus, j'ai tout de même fondé une association (We Work Safe) qui défend les victimes de conduites inappropriés, de harcèlements ou de viols sur leur lieu de travail. J'ai déjà trouvé deux grosses entreprises qui devraient s'engager avec moi. Elles vont nous soutenir financièrement et recevoir un code de bonne conduite, une sorte de label. On vérifiera ensuite les progrès accomplis dans ces entreprises partenaires.

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Le tweet que j'ai produit était destiné à mes confrères, au départ. C'est grâce à eux que mon message s'est répandu

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L'ampleur du mouvement #Balancetonporc vous a-t-elle donné une responsabilité nouvelle?
J'ai fait des centaines d'interviews sur des chaînes nationales ou internationales. J'ai assumé cette responsabilité de répondre aux médias car je connais le métier de journaliste et j'aime mes confrères. Je pense qu'ils vont faire évoluer la société.

Pourquoi les journalistes spécifiquement?
Le tweet que j'ai produit était destiné à mes confrères, au départ. C'est grâce à eux que mon message s'est répandu. Cette initiative a poussé d'autres femmes journalistes à prendre la parole. Je sais qu'il y a une confraternité dans cette profession qui peut faire bouger les choses.

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En donnant le nom de son agresseur, elle assure avoir "protégé des gens"

Comprenez-vous les accusations de délation portées par les détracteurs du mouvement #Balancetonporc?
Ce n'est pas de la délation, c'est fini Vichy! Nous sommes des victimes, pas coupables mais innocentes. Il ne faut pas renverser la vapeur. En donnant le nom de mon agresseur, j'ai eu pas mal de femmes et d'hommes travaillant dans son entreprise qui sont venus me parler. En donnant ce nom, j'ai aussi protégé des gens. Il ne peut plus s'en prendre à qui que ce soit.

C'est très américain comme façon de faire. Vous vivez d'ailleurs à New York.
Oui. Aux Etats-Unis, quand quelqu'un vole dans un magasin et s'enfuit, sa photo est affichée sur la vitrine. Il n'osera plus jamais venir. Cette culture de l'affichage est omniprésente. Dans un commissariat, il y a 3% de fausses plaintes, pourquoi ce chiffre augmenterait parce qu'on est sur les réseaux sociaux? Je ne vois pas pourquoi les gens iraient raconter n'importe quoi. C'est encore faire porter de la culpabilité aux victimes. Il ne faut pas écouter cette minorité bruyante.

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