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En RDC, « nous sommes témoins du pire de la souffrance humaine » - OCHA

Province du Tanganyika, RDC : une femme cuisine à Katanika, un site à quelques kilomètres de Kalémie, où plus de 6.000 familles se sont réfugiées pour fuir la violence interethnique croissante dans la région.
OCHA/Eve Sabbagh
Province du Tanganyika, RDC : une femme cuisine à Katanika, un site à quelques kilomètres de Kalémie, où plus de 6.000 familles se sont réfugiées pour fuir la violence interethnique croissante dans la région.

En RDC, « nous sommes témoins du pire de la souffrance humaine » - OCHA

Aide humanitaire

A l’issue de sa mission en République démocratique du Congo (RDC), le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, a appelé à financer l’appel de fonds de 1,7 milliard de dollars visant à soulager les souffrances de 10 millions de personnes.

S’il a reconnu les progrès réalisés en RDC en matière de développement, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires a rappelé une triste vérité : « nous sommes témoins du pire de la souffrance humaine dans une des plus grandes et tragiques crises humanitaires du monde ».

En RDC, les besoins humanitaires ont doublé depuis l'année dernière. 13,1 millions de personnes ont besoin d'aide, a souligné M. Lowcock, lors d’une conférence de presse à Kinshasa mardi soir.

« Les combats dans le pays ont contraint 4,5 millions de personnes à fuir leurs maisons. Plus de 4,6 millions d'enfants congolais souffrent de malnutrition aiguë, dont 2,2 millions de malnutrition aiguë sévère. Nous avons vu des épidémies proliférantes, y compris la pire épidémie de choléra en 15 ans », a précisé le Coordinateur des secours d’urgence.

Au cours de sa mission de 48 heures en RDC, M. Lowcock s’est dit impressionné par la solidarité désintéressée de nombreuses familles congolaises. « Ils ont si peu mais ils accueillent leurs frères et sœurs fuyant la violence dans leurs maisons », a-t-il dit.

A Kalémie, « nous avons entendu leurs histoires déchirantes »

Le responsable onusien a effectué son déplacement en RDC aux côtés de Sigrid Kaag, la Ministre du commerce international, de la coopération et du développement des Pays-Bas qui président le Conseil de sécurité au mois de mars. Ensemble, ils se sont rendus à Kalemie, dans l’est du pays, où ils ont pu constater de visu les conditions de vie épouvantables de milliers de personnes contraintes de fuir les violences dans la province du Tanganyika.

« Nous avons entendu leurs histoires déchirantes, leurs descriptions de ce dont ils ont besoin, mais aussi leurs espoirs et leurs histoires de résilience et de courage face à des défis inimaginables », a déclaré M. Lowcock.

A Kalemie, l’ONU et le gouverneur du Tanganyika ont signé un accord exemptant les acteurs humanitaires de certaines taxes et comprenant des engagements des autorités pour permettre leur accès et garantir leur sécurité. « Cela nous aidera à atteindre beaucoup plus de gens », a souligné le Secrétaire général adjoint.

De retour dans la capitale congolaise, M. Lowcock et Mme Kaag ont eu des entretiens avec le Premier Ministre par intérim et le Ministre de la solidarité et de l’action humanitaire. Les autorités congolaises ont déclaré qu’elles alloueraient plus d’argent à l’aide humanitaire. Kinshasa a également accepté de réviser la procédure de délivrance de visas pour les travailleurs humanitaires afin de la rendre plus rapide et plus efficace.

Conférence  humanitaire pour la RDC à Genève le 13 avril

Pour le chef de l’humanitaire de l’ONU, la tragédie humanitaire que subissent les civils dans l’ensemble de la RDC n’a pas lieu de persister si le gouvernement, le peuple congolais et la communauté internationale travaillent ensemble. « Toute famille congolaise vulnérable mérite tout notre soutien pour reconstruire sa vie », a-t-il déclaré.

Le 13 avril, l’ONU, l'Union européenne (UE), et les Emirats arabes unis organiseront à Genève la toute première conférence internationale humanitaire de haut niveau pour la RDC.

« Nous chercherons des promesses de soutien financier pour le plan de réponse humanitaire de l'ONU, mais au-delà de l'argent, ce sera une opportunité collective de réaffirmer que nous nous soucions de ce pays, que nous nous soucions de ceux qui souffrent et que nous voulons les aider », a souligné M. Lowcock.