En Allemagne, la nouvelle grande coalition démarre dans la plus grande confusion. En moins d’une semaine, deux ministres d’Angela Merkel ont déjà provoqué trois polémiques, déclenchant de vives critiques au sein de la majorité et, dans un des cas, un recadrage de la chancelière.
C’est aux propos de son nouveau ministre de l’intérieur, Horst Seehofer, président du parti conservateur bavarois CSU, que Mme Merkel a réagi publiquement. « L’islam ne fait pas partie de l’Allemagne. L’Allemagne est marquée par le christianisme. Le dimanche chômé, les jours fériés chrétiens et les rituels comme Pâques, la Pentecôte ou Noël, eux, en font partie », a déclaré celui qui est aussi en charge des questions de Heimat (la « patrie »), vendredi 16 mars, au quotidien conservateur Bild.
Quelques heures plus tard, Angela Merkel a profité de la conférence de presse organisée à l’occasion de la venue du premier ministre suédois pour contredire M. Seehofer. « Quatre millions de musulmans vivent en Allemagne. Ils font partie de l’Allemagne, et leur religion, l’islam, fait partie de l’Allemagne tout autant qu’eux », a-t-elle affirmé.
Le désaccord entre M. Seehofer et Mme Merkel n’est pas nouveau. L’un et l’autre ont déjà tenu les mêmes propos à de nombreuses reprises. Ils font référence à la phrase prononcée en 2010 par le président de la République de l’époque, Christian Wulff, qui avait déclaré que « l’islam fait à présent partie de l’Allemagne ». Une position que la chancelière a défendue plusieurs fois, en particulier en 2015, quand elle a décidé d’accueillir en Allemagne des centaines de milliers de réfugiés syriens, irakiens ou afghans.
« Avec ses déclarations, M. Seehofer attise inutilement les conflits et les préjugés qui traversent notre société », a estimé le président du syndicat policier, André Schulz
Sans surprise, les déclarations de M. Seehofer ont été vivement critiquées par le Parti social-démocrate (SPD). « Il s’agit d’un débat qui date d’il y a déjà huit ans, qui continue de diviser les conservateurs mais qui ne mène nulle part », a réagi Andrea Nahles, la présidente du groupe SPD au Bundestag.
Qualifiée d’« irresponsable » par le président du Conseil central des musulmans d’Allemagne, Aiman Mazyek, la sortie du ministre de l’intérieur a également été condamnée par l’Union allemande des fonctionnaires de police judiciaire (BDK). « Avec ses déclarations, M. Seehofer attise inutilement les conflits et les préjugés qui traversent notre société », a estimé le président du syndicat policier, André Schulz, qualifiant ces propos d’« inadéquats » et de « contre-productifs ».
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