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Nature & environnement

Forum mondial de l'eau : préférer les solutions "vertes" aux "grises"

Lors du 8e forum mondial de l’eau qui s’est ouvert le 19 mars 2018 au Brésil, l’Unesco va plaider pour un développement des "solutions fondées sur la nature". La protection des zones de captage et les toitures végétalisées constituent des solutions fiables de préservation de la ressource.

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Des personnes font la queue pour s'approvisionner en eau potable à des robinets d'eau de source, le 19 janvier 2018 au Cap, en Afrique du Sud

Des personnes font la queue pour s'approvisionner en eau potable à des robinets d'eau de source, le 19 janvier 2018 au Cap, en Afrique du Sud.

AFP/Archives - RODGER BOSCH

PARTAGE. Ce lundi 19 mars 2018 s’ouvre à Brasilia (Brésil) un 8e forum mondial de l’eau qui s’avère stratégique. Titré "le partage de l’eau", cette rencontre triennale se déroule en effet juste avant deux rendez-vous cruciaux : le forum politique de juillet prochain (il va réunir à New York la plupart des gouvernants sur les objectifs d’accès à l’eau potable et à l’assainissement à l’horizon 2030) et la COP 24 de décembre en Pologne sur le climat où l’eau apparaît comme une priorité dans 93% des contributions nationales à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est le moment que choisit aussi l’Unesco pour publier son rapport mondial 2018. Cette somme de données donne une idée des défis que va devoir affronter l’Humanité.

La consommation mondiale en eau augmente de 1% par an

Les hommes prélèvent actuellement 4600 milliards de m3 d’eau par an. L’utilisation domestique intervient pour 10% contre 60% pour l’agriculture et 30% pour l’industrie. Cette consommation mondiale augmente de 1% par an et devrait atteindre 6000 milliards de m3 par an en 2050. Mais l’accès à la ressource devrait connaître des bouleversements majeurs. D’abord, l’augmentation de la population accroîtra les besoins de l’agriculture, notamment en eaux souterraines qui se renouvellent plus difficilement. 800 milliards de m3 sont aujourd’hui prélevés dans les nappes phréatiques. Des pompages excessifs pourraient amener à des pénuries fortes dans des régions déjà en tension. La gestion de l’eau domestique sera impactée par l’accroissement des villes, 66% des hommes vivant en milieu citadin en 2050 contre 54% aujourd’hui.

En rouge, les zones où les pénuries d'eau sont déjà constatées. Les zones impactées seront plus étendues en 2050, notamment en Inde et en Chine. ©Unesco.

80% des eaux usées industrielles et municipales déversées dans les rivières et fleuves sans traitement préalable

"La détérioration de la qualité de l’eau devrait s’intensifier au cours des prochaines décennies, ce qui augmenterait les menaces à la santé humaine, à l’environnement et au développement", affirme l’Unesco, citant un rapport de la multinationale Veolia. Actuellement 80% de toutes les eaux usées industrielles et municipales sont déversées dans les rivières et fleuves sans aucun traitement préalable. L’agriculture demeure la principale source des hausses de nitrate dans le milieu naturel et l’usage des pesticides chimiques augmente d’environ 2 millions de tonnes par an. En Europe, où la situation est nettement plus favorable que dans le reste du monde, 30% des rivières et 40% des lacs recèlent trop de phosphore.

L'évolution de la qualité de l'eau dans le monde. La situation s'aggrave principalement en Afrique de l'est, en Inde et en Chine. ©Unesco.

Si les participants du forum de Brasilia se préparent pour la négociation climat (COP24) de la fin de 2018 en Pologne, c’est que la question de l’eau est centrale pour nombre d’Etats sur au moins deux plans : la hausse des températures perturbe la disponibilité de l’eau et le réchauffement climatique va bouleverser le cycle de l’eau et faire augmenter sécheresses et inondations. D’ores et déjà, 1,8 milliard de personnes vivent dans des régions touchées par la désertification et la sécheresse ce qui en fait la "catastrophe naturelle" la plus grave pour l’Humanité. Les inondations, elles, ont affecté 2,3 milliards d’habitants depuis 1995. Entre 2005 et 2014, on a compté en moyenne 171 inondations par an contre 127 dans la décennie précédente.

Privilégier les infrastructures "vertes" aux infrastructures "grises"

Ce sont ces situations nouvelles et angoissantes qui sont étudiées tout au long de la semaine à Brasilia. Avec cependant des motifs d’espoir. D’abord, l’eau douce se trouve en quantité suffisante sur la planète pour abreuver 10 milliards d’hommes. Ensuite, les techniques de gestion (irrigation raisonnée, distribution de l’eau, économies dans l’industrie) existent et peuvent être déployées rapidement. Enfin, la préservation de la qualité de la ressource fait appel à des techniques simples et peu coûteuses. C’est sur cet aspect qu’insiste l’Unesco. "Il y aura toujours besoin de construire des digues, de faire des canalisations et des stations d’épuration, statue ainsi Richard Connor, rédacteur en chef du rapport de l’Unesco. Mais à côté de ces infrastructures 'grises', nous avons toute une panoplie d’infrastructures "vertes" misant sur le génie écologique et l’utilisation du rôle joué par les écosystèmes".

La protection des zones de captage de son eau potable permet ainsi à la ville de New York d’économiser 25 millions d’euros par an de coût de potabilisation. A Madagascar, le "système d’intensification du riz" qui privilégie une meilleure gestion de l’eau et des sols a permis d’économiser de 25 à 50% d’eau et 80% de semences tout en augmentant la production de 25 à 50%. "A l’échelle mondiale, on estime que la production agricole pourrait augmenter de près de 20% grâce à des pratiques plus vertes de gestion de l’eau", assure Richard Connor. La marge de progrès est immense. Selon un rapport cité par l’Unesco portant sur des projets de développement agricoles dans 57 pays à faible revenu, une utilisation plus efficace de l’eau et une amélioration de la couverture végétale notamment par l’agroforesterie a permis d’améliorer les rendements agricoles de 79% sans augmenter l’usage des pesticides.

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