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Une fracture sexuée, dès l’école

Depuis « Sauvons les garçons ! », en 2009, Jean-Louis Auduc s’est penché sur le paradoxe français qui veut que les filles réussissent bien mieux à tous les niveaux du système éducatif, mais soient, dans la vie professionnelle, empêchées de progresser aussi vite que leurs comparses masculins

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Publié le 18 mars 2018 à 12h00, modifié le 18 mars 2018 à 12h00

Temps de Lecture 1 min.

Ecole maternelle Merlin, à Paris. AFP PHOTO / LIONEL BONAVENTURE

Dans le domaine des inégalités à l’école, le genre est le facteur-clé. C’est la conviction de Jean-Louis Auduc, auteur de Ecole : la fracture sexuée (Fabert, 2016). Pour ce docteur en histoire, la France subit « une triple fracture, sociale, ethnique et sexuée ». Et présente un paradoxe : les filles réussissent bien mieux à tous les niveaux du système éducatif, mais, dans la vie professionnelle, sont empêchées de progresser aussi vite que leurs collègues masculins.

Les enfants des classes sociales supérieures qui échouent à l’école ne sont quasiment que des garçons, alors que les élèves des classes défavorisées qui réussissent sont surtout des filles. Parmi les élèves issus de la première génération d’immigrés, 28 % des garçons sortent du cursus scolaire sans diplôme, contre 9 % des filles. Chez les élèves n’ayant aucun parent immigré, ces chiffres sont de 9 % pour les garçons, et 5 % pour les filles.

Cette réalité résulte néanmoins, pour Jean-Louis Auduc, d’un postulat de départ erroné : « En France, on est encore sur l’idée que les classes de maternelle sont remplies de petits êtres sans sexe qui s’appellent “élèves”. Précisément, et à cause de conditions de socialisation différentes pour les filles et les garçons dont nous n’avons pas conscience, l’apprentissage de la lecture doit se faire différemment selon le sexe. Certains pays, comme la Finlande, ont adopté des pédagogies différentes pour les filles et les garçons », martèle celui qui signa Sauvons les garçons ! (Descartes & Cie, 2009). Ignorer cette fracture sexuée à l’école, et laisser les garçons en échec, est un danger pour notre société, affirme-t-il.

Les inégalités dans la réussite scolaire ont pour conséquence l’accroissement de la violence des garçons sur les filles, comme une sorte de rite de passage « permettant d’affirmer avec force sa virilité, d’afficher les stéréotypes de la masculinité, de montrer que l’on ose défier l’autorité », explique Sylvie Ayral dans son enquête La Fabrique des garçons (PUF, 2011).

Jean-Louis Auduc le clame haut et fort, c’est à la société de reconnaître certaines erreurs et certains préjugés pour déconstruire ce petit roi tyrannique qui va passer, de la maison à l’école, de la suprématie à l’échec et à la violence. « L’absence de partage des tâches à la maison entre garçons et filles ne mène pas à une réflexion différenciée sur l’entrée dans le métier d’élève et dans la construction de leur identité entre filles et garçons », observe-t-il.

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