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Police-Justice

Un trafic de téléphones, d'alcool et de stupéfiants démantelé à la prison de Fleury-Mérogis

Vue générale du quartier des hommes à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, le 5 février 2018 dans l'Essonne.

Vue générale du quartier des hommes à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, le 5 février 2018 dans l'Essonne. - Zakaria Abdelkafi - AFP

Pendant plusieurs mois, deux détenus ont fait pénétrer dans la prison de Fleury-Mérogis de l'alcool, du cannabis et des téléphones portables, qu'ils revendaient à prix d'or aux prisonniers.

Des smartphones en cascade, des stupéfiants, des détenus à la tête d'un vaste trafic depuis leur cellule, et des emballages de Babybel: le scénario est digne d'une série policière, mais s'est bien déroulé à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, en région parisienne.

Deux détenus étaient à la tête d'un vaste réseau de revente de téléphones portables, d'alcool et de stupéfiants. Ils opéraient depuis leur cellule grâce à la complicité d'un cuisinier, de deux femmes en liberté, du gérant d'une entreprise de vente de téléphones, d'autres détenus et peut-être de plusieurs surveillants pénitentiaires, qui n'ont toutefois pas été déférés devant le parquet.

La grande entreprise se serait lancée en août 2016, selon Le Parisien, quand Patrice, 39 ans, cuisinier du groupe Elior, est muté dans un autre bâtiment de Fleury-Mérogis. C'est là qu'Ismaël lui demande de "l'aider" pour lui livrer différentes marchandises, sous la contrainte de "caïds de Fleury", justifie-t-il.

Pour Ismaël, puis pour Christian lorsque celui-ci devient son codétenu, Patrice livre 1,4 kilo de cannabis et 15 téléphones, d'après le quotidien. Lorsqu'il flanche, après quelques livraisons, les détenus auraient menacé de s'en prendre à sa famille, SMS à l'appui lors de l'audience au tribunal.

Dix-sept emballages de Babybel retrouvés

C'est là que Marius, un chauffeur pour le groupe Elior, accepte de lui "rendre service contre de l'essence et des bières" et livre des téléphones grâce à son camion. Il arrête rapidement cependant, malgré les menaces de représailles.

En parallèle, Christian fait appel à une amie qui lui livre au parloir des stupéfiants et téléphones enroulés dans des emballages de Babybel, pour éviter la détection au portique. Dix-sept emballages de fromage ont d'ailleurs été retrouvés chez elle, note Le Parisien.

La femme du détenu tient les comptes et surveille les virements de l'extérieur. Car le business est juteux: pour des iPhone achetés 130 euros à l'extérieur, le prix de revente est de 1000 euros chez les détenus. Même marge pour de minuscules téléphones venus de Chine, achetés 20 euros et revendus entre 160 et 360 euros.

Ces téléphones spéciaux sont vendus par Nathan, à la tête d'une micro-entreprise de vente de portables, qui reconnaît "savoir où ils allaient" mais argue les avoir vendus "à des gens en liberté" et n'avoir "rien fait pour les conditionner spécialement pour passer les portiques".

Une enquête est ouverte en janvier 2017, lorsqu'un surveillant pénitentiaire découvre l'affaire. Plusieurs personnes seront interpellées en mars, à la suite d'une enquête de la gendarmerie d'Evry. 

Le tribunal d'Evry a condamné Christian et Ismaël à trois ans et demi de prison ferme et Patrice à deux ans et demi. La femme du premier a écopé d'un an avec bracelet électronique, l'amie du couple à un an avec sursis. Pour le vendeur de téléphones comme le chauffeur Elior, ce seront des amendes: respectivement 900 et 1000 euros. 

L.A.