Tony Gatlif : "J'ai eu la chance d'avoir 20 ans en 68, et j'en ai bien profité"

Tony Gatlif a 20 ans en 1968
Tony Gatlif a 20 ans en 1968
Tony Gatlif a 20 ans en 1968
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Semaine spéciale "avoir 20 ans en mai 68" 3/5 avec le réalisateur Tony Gatlif qui était à l'époque en semi liberté dans un foyer.

Avec

À l'occasion des 50 ans de mai 1968, le Réveil Culturel propose de faire entendre toute la semaine le témoignage d’acteurs culturels qui avaient vingt ans en mai 68, à l’époque où les événements commençaient à tourbillonner autour du monde et bousculer les habitudes...

Mercredi cinéma

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avec : Tony Gatlif, réalisateur.

Être jeune en 1968 c'est génial. J'étais enfermé en semi liberté dans un foyer. C'était vraiment mai 68 avec les barricades et on ne pouvait pas bouger, ça a duré un mois, une éternité. Il y avait mes éducateurs que j'aimais bien et le directeur que j'aimais beaucoup, un peu anar, eux parlaient beaucoup des conditions des ouvriers, c'étaient des engagés, des militants pour Krivine, très anars, très remontés contre le gouvernement de l'époque. On rentrait le soir c'était obligé sinon nous étions en faute. Mais pendant les événements de mai 68, je trichais, on s'est barré un peu partout, et surtout on trafiquait l'essence très chère à ce moment là, on la vendait. 

J'ai manifesté en 68 contre de Gaulle, et je le regrette parce qu'il était quand même pas mal le Général de Gaulle, je crois que c'est parce que je venais d'Algérie et à Alger il a fait un sale coup à tout le monde, aux uns et aux autres avec son "Je vous ai compris" c'était complètement ambigu. Je me souviens du Général de Gaulle d'une façon péjorative, maintenant c'est quelqu'un que j'aime beaucoup.

En 68, là où j'habitais il y avait une MJC, tout le monde s'y réunissait. J'étais là, un moment j'ai pris la parole. tout le monde pouvait s'exprimer. J'étais surtout intéressé par la vie, je voulais manger la vie, je voulais un monde libre, que mon avenir soit libre, je voulais faire les Beaux-Arts à Paris, je n'avais pas mon bac, même pas mon certificat d'études. 

Depuis les années 68, j'ai gardé l'empreinte anar, je suis un engagé, vraiment je n'ai pas changé de cap, mes films me ressemblent toujours, j'ai toujours cette ligne que j'ai labourée depuis le début, elle est toujours là aujourd'hui, je n'ai jamais changé.   

Références musicales 

Musique du générique : Dominique Grange, Chacun de vous est concerné, 1968

Musiques diffusées durant l'entretien : Jacques Dutronc, Il est cinq heures, Paris s’éveille, 1968
Nicole Croisille, I’ll  never leave you, 1968
Ismail Cem et Melike Şahin, Cafe Aman, Extrait de la bande originale de ‘’Djam‘’ le film de Tony Gatlif, 2017

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