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Coup de semonce à la SNCF

+ VIDEO. Le mouvement de grève de jeudi sera nettement plus suivi que prévu, ce qui a pris de cours la direction mais aussi les syndicats.

Par Lionel Steinmann

Publié le 21 mars 2018 à 17:09

A la SNCF, la grande grève annoncée pour ce printemps ne commence que dans dix jours, et pourtant l'atmosphère sent déjà la poudre. La journée de jeudi ne devait être qu'un tour de chauffe, principalement marqué par une manifestation de cheminots à Paris : parmi les quatre syndicats représentatifs du groupe public, seul SUD-rail avait également appelé à cesser le travail ce jour-là.

Mais les cheminots, très remontés, ont répondu en nombre à l'appel à la grève, prenant de cours la direction et aussi leurs propres syndicats. Les perturbations de trafic qui en résultent sont, de fait, bien supérieures à celles qui étaient attendues. Seulement 40 % des TGV, 25 % des Intercités et un tiers des trains de banlieue en Ile-de-France circuleront.

Vidéo. SNCF : début du bras de fer entre les syndicats et le gouvernement

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« Manipulation scandaleuse »

Le nombre de trains supprimés a même surpris la CGT-cheminots. Dans un communiqué mercredi matin, le principal syndicat du groupe public a accusé la direction de « bloquer volontairement certains trains », une « manipulation scandaleuse » destinée à empêcher des militants de province de monter à Paris pour manifester. Le syndicat cite l'exemple de la ligne Paris-Lyon, où seulement sept conducteurs de TGV se sont déclarés grévistes sur 160, mais où la moitié des circulations sont supprimées.

Le porte-parole du groupe, Mathias Vicherat, a démenti dans la foulée lors d'une conférence de presse : « Nous cherchons toujours à faire circuler le maximum de trains possiblePour cela, il nous faut des conducteurs, des contrôleurs, mais aussi des postes d'aiguillage qui sont tenus, et c'est le nombre de grévistes sur ce dernier point qui explique les annulations sur l'axe Sud-Est ».

Passe d'armes sur un mail cégétiste

Autre sujet d'affrontement entre la direction et la CGT : le courriel envoyé samedi dernier à certains adhérents par un responsable local du syndicat, et divulgué mercredi par « Le Parisien ». Le militant exposait les avantages de la tactique de grève intermittente (deux jours tous les cinq jours à partir du 3 avril) choisie pour faire plier le gouvernement. Surtout, il ajoutait : « La désorganisation du travail devra se faire également sur les jours ouvrés, mais je ne vous en dis pas plus sur ce mail, je pense que vous avez compris où l'on veut en venir. »

Incitation au sabotage, ou plus sûrement à la grève du zèle ? Le patron du groupe public, Guillaume Pepy, a en tout cas bondi sur l'occasion : « Ce mail laisse la place à toutes les interprétations, s'est-il indigné devant quelques journalistes. C'est la première fois que je vois écrite une forme de menace, de désordre prémédité. Ce qui transparaît, c'est une grève qui ne dit pas son nom, low cost pour les salariés mais à gêne maximum pour les usagers. »

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Prendre l'opinion à témoin

En jugeant qu'il s'agit là d'une entorse inédite dans « la conciliation entre droit de grève et continuité du service public », Guillaume Pepy grossit largement le trait : SUD-Rail a plusieurs fois par le passé joué avec les failles de la loi sur le service minimum, notamment en régions, pour désorganiser le trafic à moindre coût pour les grévistes. Mais il prend ainsi l'opinion publique à témoin.

De son côté, la CGT a répliqué en accusant la direction de « fouiller dans les poubelles de Facebook pour trouver des arguments visant à discréditer le mouvement des cheminots ».

Cette passe d'armes fait aussi ses affaires : elle peut faire étalage de sa combativité et se poser comme principale opposante de la direction, au moment où elle doit convaincre sa base de privilégier la grève à temps partiel plutôt qu'une grève dure plus classique prônée par SUD. C'était précisément l'objet du courriel du responsable CGT.

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Le détail des perturbations de trafic ce jeudi

TGV : il faudra compter sur 3 trains sur 5 sur l'axe Nord, 1 sur 2 sur les axes Est, Sud-Est et Atlantique et 2 sur 3 en « intersecteurs ». Deux Ouigo sur 3 circuleront.Intercités : 1 train sur 3 circulera sur les axes Paris-Rouen-Le Havre, Paris-Nevers, Paris-Clermont et Bordeaux-Marseille-Paris. Un train sur 2 roulera entre Paris, Caen et Cherbourg et Paris, Limoge et Toulouse. Sur l'axe Paris-Amiens-Boulogne, il n'y aura qu'un aller dans le sens Boulogne-Paris, et sur l'axe Paris-St Quentin-Maubeuge, un seul aller dans le sens Maubeuge-Paris. Aucun train ne circulera sur les autres lignes Intercités.TER : 1 train sur 2.Transilien : 1 RER sur 2 sur la ligne A, 1 sur 3 sur la ligne B nord, 3 sur quatre sur la ligne B sud, 1 sur 3 sur les lignes C et E.Un train sur 2 sur les lignes K et N (sauf sur la branche de Sèvres avec 1 train sur 3). Un train sur 3 sur les lignes H, J et L. Sur la ligne P, il n'y aura aucune circulation sauf sur les branches Meaux-Château Thierry (1 train sur 3). Sur la ligne R, il faudra compter sur 1 train sur 3 à Montargis, pas de train autrement. Il n'y aura aucune circulation sur la ligne U.

Lionel Steinmann   

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