La fondation du Collectif féministe étudiant de Rouen, en novembre 2017, a entraîné la création d’une initiative à laquelle 22 bars de Seine-Maritime ont adhéré : l’opération Angela. Stickers et affiches orange ont fait leur apparition sur les vitrines des bars pour venir en aide aux femmes en situation de danger dans la rue.
À lire aussi
Un repère pour les femmes en danger
Cette couleur vive constitue un repère pour les femmes en danger dans la rue. Lorsque ce type de situation se présente, la victime est invitée à demander Angela au bar. Ce nom de code lui permet de se mettre à l’abri et de signaler au personnel de l’établissement qu’il y a une nécessité d’intervenir pour protéger la personne, notamment lorsqu’elle est la cible de violences ou de harcèlement. Ensuite, le personnel se charge de réconforter la victime et, si besoin, d’appeler un taxi pour la ramener chez elle.
Marie, cofondatrice du Collectif féministe étudiant de Rouen explique :
Les affiches et les stickers ont un côté pratique, tout cela représente un signal visuel. Par ce moyen, les bars montrent que la porte est ouverte et qu’ils sont disposés à accueillir des femmes harcelées dans la rue et à les protéger.
« Les victimes n’ont pas forcément l’idée de se réfugier parce qu’elles sont sidérées et apeurées par la situation », complète-t-elle.
L’initiative est née en Angleterre en 2016, sous le nom « Ask for Angela » (Demandez Angela), et le Collectif féministe étudiant de Rouen a eu l’idée de l’exploiter : une première en France.
À lire aussi
« Une initiative à valoriser »
Parmi les bars desquels le collectif s’est rapproché, vingt-deux d’entre eux ont donné leur aval pour adhérer à l’opération, soit presque la totalité des établissements sondés. Dorothée, du Vixen, situé rue Armand-Carrel, explique ce qui l’a convaincue :
On fait partie des premiers établissements à placarder l’affiche. On l’a mise au centre de la porte pour donner un signal. Je trouve que c’est une très bonne idée d’avoir mis tout cela en place, d’autant que l’affiche a servi une fois : une de nos clientes s’est réfugiée dans le bar alors qu’un homme la suivait. On a pu la réconforter et la garder à l’abri. C’est une initiative à valoriser.
Rose et Maxime, un couple à la tête du Vintage, rue Jean-Lecanuet, corroborent les propos de Dorothée du Vixen, leur bar est situé dans une artère très animée :
Des soirées étudiantes se passent dans le coin et le secteur s’y prête. Nous n’avons jamais eu à accueillir de cliente dans l’urgence, mais on veut montrer qu’on est disposé à le faire, assure Maxime.
Sa conjointe Rose est également favorable au principe : « Cela va de soi, nous sommes prêts à aider quelqu’un dans le besoin ». En revanche, elle estime qu’il n’est « pas nécessaire qu’un poster soit affiché ». Maxime pense de son côté que les macarons affichés sur la porte du Vintage « servent d’indicateur pour les personnes qui vont arriver à Rouen et qui s’exposent aux dangers que peuvent comporter la vie nocturne ». Les femmes ont désormais leur mot de passe pour se mettre à l’abri.