Grève : le flop du covoiturage en Ile-de-France

Ce jeudi, il était possible de faire gratuitement le trajet avec un automobiliste en région parisienne. Nous avons testé le dispositif… Sans succès.

 En route vers La Défense en covoiturage avec Citygoo.
En route vers La Défense en covoiturage avec Citygoo. (LP/J.-G.B.)

    Sur le papier, c'est LA bonne idée. Ce jeudi, jour de grève dans les transports en commun, on pouvait monter, gratuitement, dans la voiture d'un conducteur qui passe sur notre trajet. Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports en région parisienne présidée par Valérie Pécresse, a décidé de financer la gratuité du covoiturage domicile-travail, en subventionnant huit start-up qui proposent ce service en Ile-de-France (Karos, Klaxit, IDVROOM, BlaBlaLines, Ouihop, Roulez Malin, Covoit'ici, Clem').

    Le principe est simple : vous entrez votre destination, et ces applis vous proposent des conducteurs sur votre route. Il suffit de leur demander de s'arrêter à un point de rendez-vous défini par le système, vous montez, et le tour est joué.

    Faux bond 10 minutes avant le rendez-vous

    Notre journal a donc testé le dispositif sur deux trajets. D'abord entre Saint-Denis et La Défense, jeudi matin à l'heure de pointe. IDFM recommande de passer d'abord par son appli Vianavigo, qui me propose une dizaine de covoitureurs possibles. Mais, premier problème : il faut s'inscrire sur les applis auxquelles ces chauffeurs sont rattachés. Une bonne demi-heure plus tard, me voila avec six nouvelles icônes sur mon smartphone, et je redémarre à zéro.

    Une fois envoyées six demandes auprès de covoitureurs potentiels, dès mercredi après-midi, j'attends leur réponse. Une seule conductrice me répondra, via BlaBlaLines. Mais, 10 minutes avant de nous retrouver à 7h25, elle annule la course. Sans explication.

    Après de multiples demandes en urgence restées sans réponse sur Karos, Klaxit, Ouihop ou IDVROOM (une « erreur système » empêchait même toute réservation sur cette appli de la SNCF), je tente un dernier coup sur Citygoo. Une appli de covoiturage non subventionnée. Ce qui se ressent dans les tarifs : 10,90 euros pour une quinzaine de kilomètres. Moi qui voulais covoiturer, je me retrouve dans une sorte de VTC aux frontières de la légalité. 50 minutes et quelques bouchons plus tard, j'arrive enfin à destination à 9 heures.

    Impossible de rentrer

    Deuxième tentative en fin de journée pour rejoindre Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), à l'est de Paris. La chance du débutant m'a d'abord souri en cette matinée de grève. À peine mon inscription sur Karos validée, je trouve un conducteur d'accord pour m'embarquer. Nous fixons notre rendez-vous sur le quai d'Austerlitz à 18 heures. Me voilà soulagée. Sauf qu'à l'heure de déjeuner, il m'informe d'un imprévu au boulot et m'abandonne.

    Impossible de trouver un autre covoitureur. J'ai eu beau télécharger toutes les applications disponibles, changer compulsivement d'horaires passant de l'une à l'autre, modifier légèrement mon trajet, quitte à prendre un métro ou un RER… Rien. Il ne me restera que les transports en commun ou le taxi.

    Des difficultés qui s'expliquent avant tout par un manque de conducteurs, selon IDFM. En appelant les automobilistes d'Ile-de-France à la « solidarité », Valérie Pécresse insiste : « Il faut qu'ils ouvrent leurs portières aux Franciliens qui seront dans la galère pendant la grève », en s'inscrivant sur ces plateformes. Elle-même a tenté de montrer l'exemple en voulant emmener un passager ce jeudi matin, indique-t-on dans son entourage. Mais la présidente de région n'a jamais vu arriver son « covoituré » !