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Génération alpha: bienvenue dans le monde des futurs «millénials»

Dans vingt ans, à quoi seront confrontés les 15-35 ans? Tentative d’explication sur ceux qui seront les millénials de 2038

None — © Montage:Simon Ladoux
None — © Montage:Simon Ladoux

Cette année, Le Temps fête ses 20 ans. Né le 18 mars 1998, il est issu de la fusion du Journal de Genève et Gazette de Lausanne et du Nouveau quotidien. Nous saisissons l’occasion de cet anniversaire pour revenir sur ces 20 années, et imaginer quelques grandes pistes pour les 20 suivantes.

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Après les générations X, puis Y et enfin Z, qui désignent aujourd’hui tous ceux qui ont moins de 20 ans, il fallait bien renouveler le stock d’appellations pour les générations suivantes… Celle née après les années 2010, et qui aura la vingtaine en 2038, est donc surnommée la «génération alpha», de l’invention du chercheur en sciences sociales australien Mark McCrindle, qui propose de puiser dans tout l’alphabet grec pour estampiller les pousses du futur. Selon lui, les alpha «ont dès le plus jeune âge des écrans placés devant leurs yeux, qui jouent un rôle apaisant, ludique, et d’aide pédagogique. Ils ont commencé à naître la même année que la sortie de l’iPad et de la création d’Instagram. C’est pour cela que nous les appelons aussi «Génération Verre».

Soit une génération de la transparence totale, qui interagira sans doute plus avec le virtuel que le monde physique, et devra gérer sa e-réputation démarrée dès le berceau, alors que ses parents sont déjà en train de poster ses premières risettes sur le 2.0… C’est surtout la génération qui aura accès, depuis son canapé, au plus grand nombre de connaissances que l’humanité ait maîtrisées, grâce à toutes sortes d’applis qui lui permettront d’être savants sans même avoir à apprendre, tels ces traducteurs de langue étrangère automatiques favorisant les conversations avec le monde entier. «Ils auront une relation différente au savoir et sans doute plus utilitaire et opportuniste», analyse le sociologue du contemporain Rémy Oudghiri (auteur de Ces adultes qui ne grandiront jamais: petite sociologie des grands enfants, Ed. Arkhé).

Cette génération devra être très pragmatique, en trouvant des solutions concrètes à la pollution, au déclin accéléré de la biodiversité, etc.

Rémy Oudghiri

Plus autonomes, ces jeunes créeront certainement leur propre pédagogie, alors que des écoles américaines innovantes révolutionnent déjà l’enseignement en proposant une méthode inversée: on vient faire les devoirs en classe, et on s’approprie les cours à la maison, grâce aux outils high-tech… L’expert générationnel américain Dan Schawbel imagine même qu’à 10 ans, beaucoup auront déjà lancé leur propre start-up…

La concurrence de la machine

Mais le plus grand défi de cette génération, et même sa principale mission, sera «de réparer le monde, alors que jusqu’à présent, on le transformait, on avait des utopies vers plus de connaissance et de croissance, analyse Rémy Oudghiri. Or cette génération devra être très pragmatique, en trouvant des solutions concrètes à la pollution, au déclin accéléré de la biodiversité, etc. Donc elle devra trouver son avenir dans quelque chose de très lourd.» Elle devra aussi défier l’intelligence artificielle qui va la concurrencer ainsi que les learning machines qui se développent à vitesse exponentielle. «La génération du futur devra réinventer le rôle des humains, en se posant la question de ce qu’est un humain.

Comme Erasme qui disait au XVIe siècle qu’on ne naît pas homme, on le devient, ceux qui affronteront le monde dans vingt ans devront gérer la réalité de l’homme augmenté ou des machines qui remplacent la majorité des personnes au travail. Aujourd’hui, on tient seulement des discours alarmistes ou fascinés sur ces nouvelles problématiques, mais eux devront les vivre par des actes et des choix», poursuit le sociologue. Raymond Kurzweil, ingénieur Google, affirme que «L’homme pourra télécharger son cerveau dans un ordinateur en 2030.» La lettre alpha est seulement la première lettre de l’alphabet grec. Il restera aux générations portant toutes les lettres suivantes d’apprendre à s’épanouir dans ce nouveau monde que Philip K. Dick n’aurait pas renié…