Lancés il y a deux ans dans le pays de Morlaix, les triporteurs solidaires et intergénérationnels d'Ernest Le Bris essaiment jusque dans le Morbihan. À Lorient, le projet Happy Syklett veut aller plus loin en mêlant vélo à trois roues, emploi et insertion.
Depuis l'été 2016, le pays de Morlaix (29) a l'habitude de voir circuler ces drôles d'engins à trois roues. Devant, une sorte de grande poussette à deux places, occupée par des personnes âgées. Derrière : un vélo électrique classique, propulsé par les mollets des 25 bénévoles de l'association l'Ami Cyclette. Un, puis deux, puis trois triporteurs ont été achetés pour sortir les personnes âgées de leur isolement.
Ancien éducateur spécialisé, Ernest Le Bris, 70 ans, est la cheville ouvrière de cette aventure. Devenu le coordinateur local de l'association « À vélo sans âge », le Pleybérien a parcouru 3.700 km, en 2017, pour promouvoir son expérience. « Nous sommes sollicités par les Ehpad, les CCAS, les foyers de vie ... le triporteur est un formidable créateur de lien. C'est extrêmement simple et sacrément efficace ! », témoigne le pédaleur solidaire.
Son enthousiasme l'a amené à se déplacer jusqu'en pays de Lorient, dès juillet 2017. « J'étais moi-même au courant du concept danois, lancé par Ditte Jakobsen, à Capbreton (Landes), au printemps 2015. Ernest Le Bris est venu avec ses triporteurs pour une journée test, auprès de trois établissements pour personnes âgées de Lorient », résume à son tour Serge Philippe. Féru de déplacements doux et président de Vél'Orient, le Lorientais de 56 ans ne pouvait qu'accrocher avec cette idée, qui rejoint les démarches entreprises pour les deux roues dans la Ville aux cinq ports depuis deux ans.
Après l'Abri Syklett ( atelier collaboratif de réparation et de customisation de vélos), après la Vélo-école, après Feel à vélo (collecte et livraison... à bicyclette électrique), le tout récent collectif « Happy Syklett » veut désormais faire rouler le projet de triporteur dans le Morbihan. Avec un engouement déjà évident. « Notre collectif est passé de 500 adhérents, en 2016, à 800 l'an dernier. On vise le millier d'ici la fin de l'année ».
Pour Serge Philippe, l'outil du triporteur dispose à la fois d'un intérêt intergénérationnel et social. « D'où l'idée de ne pas le réserver aux Ehpad. Nous voulons l'ouvrir au monde du handicap, tout en nous accordant avec les associations oeuvrant dans le champ de la réinsertion ». Le Centre d'action éducative de Lorient (UEAJ) a d'ailleurs déjà signé un partenariat. Dans la boucle de ce futur dispositif, les Lorientais ambitionnent de faire rouler les jeunes en difficulté. Pour les structures demandeuses, le triporteur serait payant. « Avec la création d'un poste de coordinateur à la clé, toujours dans l'idée d'une économie sociale et solidaire », prolonge Serge Philippe.
L'affaire est d'autant mieux lancée que les deux premières machines sont déjà achetées : « L'une, grâce aux 6.000 € versées par l'association locale A2JD, la seconde, adaptée aux fauteuils, grâce à une aide de 3.000 € de la Fondation SNCF ». L'Happy Syklett vient même de recevoir 16.000 € de la Fondation des petits frères des pauvres. « Un bon coup de pouce pour lancer le fonctionnement », termine le Lorientais. Les premiers partenaires intéressés sont invités à une après-midi de démonstration, à Hennebont (56), samedi. Restera ensuite à organiser la demande et développer le potentiel. D'ici fin 2019, ce ne sont plus trois mais six triporteurs que le collectif lorientais espère faire rouler.