Ces futures augmentations s’inscrivent dans une longue période de progression: selon une étude indépendante, les dépenses publiques consacrées à la rémunération des médecins dans la Belle Province ont doublé en dix ans. Alors que, dans le même temps, le nombre moyen de jours travaillés reculait et que celui des visites de patients par médecin diminuait de plus de 10%.
Un simple rattrapage à l’origine
A l’époque, l’objectif affiché de ces revalorisations auprès des médecins québécois était de s’aligner progressivement sur les salaires de leurs confrères du reste du Canada. Sauf que le plan s’est avéré plus optimiste que prévu et qu’aujourd’hui, selon l’Institut canadien d’information sur la santé, les médecins québécois font partie des mieux payés du pays. Ironie de l’histoire: le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec qui avait mené ces négociations, en 2007, est devenu depuis le ministre de la Santé. Il a reconnu que cet accord avait été conclu sur la base de prévisions erronées. Tout en admettant qu’il était lié à ce contrat et donc qu’il ne pouvait pas revenir sur ces hausses négociées à l’époque.
«Nous nous dirigeons vers une crise sociale et politique», s’est inquiété Simon-Pierre Landry, président d’une association de médecins généralistes regroupant plus de 600 membres, à l’occasion d’une conférence de presse fin février. Pour le praticien, ces augmentations offertes aux médecins ne passent pas dans la population et le gouvernement comme les fédérations médicales doivent revenir sur leurs ententes conclues. Selon les fédérations en question, ces points de vue restent minoritaires dans la profession.
«On se sent mal à l’aise»
Toujours est-il que l’annonce de ces revalorisations intervient dans la foulée de nombreuses dénonciations publiques et manifestations d’infirmières, qui déplorent leurs conditions de travail de plus en plus difficiles. «On se sent mal à l’aise d’avoir une augmentation salariale alors qu’il y a des coupes dans le réseau de la santé depuis dix ans», explique, dans le quotidien Le Soleil, Estelle Ouellet, la secrétaire de l’organisation à l’origine de la pétition de médecins. «Il y a toujours de l’argent pour les docteurs, mais qu’en est-il pour celles et ceux qui s’occupent des patients?» se demande Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.