Son dernier livre, "l'Inconsolable et autres impromptus", est un recueil de textes courts, entre philosophie et littérature, rêveries et pensées sur le vif. Pour "Marianne" le philosophe André Comte-Sponville passe l'actualité au crible.
"C'était mieux avant"
Ce qui me frappe, c'est le climat d'inquiétude qui se dégage de la lecture de la presse, le sentiment que tout fout le camp, que l'Europe part à vau-l'eau, bref que c'était mieux avant. Une fâcheuse tendance à enjoliver le passé et noircir le présent, que les psychologues appellent un biais cognitif, mécanisme de la pensée qui cause une déviation du jugement. Heureusement, quelques livres disent le contraire : non, ce n'était pas mieux avant, c'était pis ! Après Michel Serres, Non, ce n'était pas mieux avant, de Johan Norderg (Plon), ouvrage savant et convaincant, démontre que le passé n'avait rien d'enviable. Quant au chef-d'œuvre des sciences humaines de Steven Pinker, la Part d'ange en nous (Les Arènes), sous-titré Histoire de la violence et de son déclin, il explique que, contre toute attente, nous vivons l'époque la moins violente qu'on ait connue.