L'affaire Fillon vue par un ancien juge d'instruction et avocat
L'avocat et ancien juge d'instruction Hervé Lehman analyse dans son livre «Le Procès Fillon» la mécanique d'une affaire hors-normes.
Retour sur une des «affaires politiques» les plus retentissantes de la Ve République. Un an, quasiment jour pour jour, après la mise en examen, en pleine campagne présidentielle, de François Fillon, l’ancien juge d’instruction, aujourd’hui avocat au barreau de Paris, Hervé Lehman se livre à décryptage rigoureux d’un dossier décidément explosif et pose, au passage, plusieurs questions-clés.
Pourquoi cette exceptionnelle célérité de la justice? Y a-t-il eu des précédents? Comment se fait-il que la traditionnelle trêve judiciaire n’ait pas été respectée? Le Parquet national financier était-il compétent? Qui a saisi le juge Tournaire, réputé pour sa sévérité? Peut-on parler de «cabinet noir» comme l’a fait, lui-même, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy? Autant d’interrogations cruciales auxquelles l’auteur apporte des réponses étayées.
"La chaîne judiciaire a fonctionné à la vitesse du son"
Sans épargner la vainqueur de la primaire de la droite dont les faiblesses ou les incohérences de la défense sont pointées, à plusieurs reprises, Hervé Lehman met en lumière la «connivence manifeste» dans notre pays entre justice et pouvoir. «Tous ceux qui ont eu à traiter, à un moment ou un autre, le dossier doivent leur nomination à la gauche. Dire qu’ils se sentaient, au moment des faits, plus proches de François Hollande que de François Fillon est une évidence.»
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L’auteur se garde de parler de «coup monté» encore moins de «manipulation» mais constate que «tout était en place» pour que les choses se passent de façon ultra rapide. «La chaîne judiciaire a fonctionné à la vitesse du son. Mais pourquoi était-il si urgent de mettre le candidat de la droite en examen sinon pour l’éliminer du jeu?», s’interroge Me Lehman qui note que, depuis la présidentielle, «rien n’a bougé» ou presque. «Nous sommes revenus dans le rythme lent de la justice. Le contraste est saisissant».