Depuis que la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite a lancé l’opération “Tempête décisive” au Yémen il y a trois ans, des violences sans précédent ont ravagé le pays le plus pauvre de la région. Exactions et crimes de guerre en tout genre, de la part de tous les belligérants, sont légion.

Le conflit, qui a fait près de 10 000 morts – dont la moitié sont des civils – et plus de 52 000 blessés, empêche un recensement clair de ces violations, qui vont des simples menaces aux enlèvements/disparitions forcées, en passant par les arrestations – entre 2015 et 2017, près de 5 000 personnes auraient été arrêtées par les houthis –, la torture, les pillages, les assassinats et l’enrôlement, par les rebelles comme par les forces progouvernementales, d’enfants soldats.

Cibles civiles

Selon nombre de rapports publiés par des ONG internationales – comme Human Rights Watch (HRW), Amnesty International (AI), Save the Children – et l’ONU, les opérations de la coalition arabe restent la principale cause de la mort de civils. Selon ces mêmes rapports, un grand nombre de frappes menées par la coalition étaient destinées à des cibles militaires, mais certaines ont touché des cibles civiles, à l’instar d’écoles, d’hôpitaux, de marchés et de zones résidentielles. La moitié des 3 500 établissements de santé sont aujourd’hui hors service et le choléra a réapparu dans le pays, touchant un million de personnes. L’utilisation de bombes à fragmentation et à sous-munitions, fabriquées au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Brésil, représente un autre genre de crime de guerre : ces munitions sont en effet formellement interdites par la loi internationale pour leur imprécision.

“Des deux côtés, les violations au Yémen sont sans précédent de par leur nature ou leur taux”, affirme à L’Orient-Le Jour Radhya Almutawakel, présidente de Mwatana pour les droits de l’homme, une ONG yéménite basée à Sanaa et selon laquelle les partisans des houthis ou du président Abd Rabbo Mansour Hadi “imposent de nombreuses r