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Attentat de Trèbes : l'amie du djihadiste crie « Allah Akbar » lors de son arrestation

Un gendarme près du supermarché à Trèbes, où a eu lieu la prise d’otages meurtrière.

L’Élysée a annoncé un hommage national au gendarme Beltrame mercredi, alors que l'enquête sur l'attentat se poursuit.

Photo : Reuters / Jean-Paul Pelissier

Radio-Canada

La compagne de l'auteur de l'attentat de Trèbes et de Carcassonne, dans le sud de la France, a crié « Allah Akbar » lors de son interpellation vendredi soir, a indiqué lundi le procureur François Molins.

La femme de 18 ans nie toutefois tout lien avec le « projet mortifère de son petit ami » qui a assassiné quatre personnes, a précisé M. Molins.

Sa garde à vue ainsi que celle d'un ami du djihadiste Radouane Lakdim ont été prolongées pour un troisième jour consécutif. Dans le cadre des enquêtes antiterroristes, les gardes à vue peuvent être prolongées jusqu'à 144 heures dans les cas exceptionnels.

La compagne de Radouane Lakdim est présentée comme une « convertie », qui fait l'objet d'une fiche « S » (pour « sûreté de l'État »).

Elle n'avait plus de contacts téléphoniques avec le djihadiste depuis janvier, mais elle est soupçonnée d'avoir poursuivi des échanges via une application, a ajouté le procureur Molins.

La jeune femme a affirmé s'être convertie à l'âge de 16 ans et elle « présente tous les signes d'une radicalisation », selon M. Molins, qui ajoute que le matin des attaques perpétrées par son compagnon, « elle a posté une sourate promettant l'enfer aux mécréants ».

Les enquêteurs cherchent toujours à déterminer les raisons du passage à l'acte de Radouane Lakdim et à établir s'il avait des complices.

Le djihadiste « faisait l'objet de la part des services de renseignement d'un suivi effectif toujours en cours en mars 2018, mais qui n'avait pas permis, je le répète, de mettre en évidence des signes précurseurs d'un passage à l'acte ni des velléités de départ sur la zone irako-syrienne », a tenu à répéter le procureur Molins.

Il était fiché « S » depuis 2014. Depuis novembre 2015, il figurait au « Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) en raison de ses liens supposés avec la mouvance salafiste locale ».

Hommage national

Des bouquets de fleurs.

Une image du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est attachée à un bouquet de fleurs déposé devant les portes de la gendarmerie de Carcassonne.

Photo : AFP/Getty Images / ERIC CABANIS

La cérémonie d'hommage national au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui a tenu tête au djihadiste, aura lieu mercredi aux Invalides, à partir de 11 h 30, a précisé lundi l'Élysée.

Le chef de l'État, Emmanuel Macron, prononcera l'éloge funèbre de ce gendarme érigé en héros pour avoir pris la place d'une otage vendredi.

L'hommage aura lieu en présence de sa famille et de la famille des autres victimes, a précisé l'Élysée.

L'officier de gendarmerie, qui aurait eu 45 ans en avril, a succombé samedi à ses blessures. Sa mort a suscité une immense émotion et des hommages dans tout le pays.

La mère du gendarme, Nicole Beltrame, a décrit sur la radio RTL un être « loyal, altruiste et depuis tout petit au service des autres, engagé pour la patrie ».

« D'ailleurs, il a dit très souvent "ma patrie, c'est avant ma famille", ce que j'acceptais. [...] Il ne pouvait pas faire autrement, ce n'est pas quelqu'un qui pouvait se dérober », a-t-elle témoigné, assurant n'avoir « pas du tout » de haine pour l'auteur des attaques. « C'est de l'indifférence et le plus grand des mépris. »

Il n’a pas hésité une seconde, et on n’est pas surpris par son geste.

Une citation de Éric Buchlin, ancien gendarme du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale

En entrevue à 24/60, sur les ondes d'ICI RDI, Éric Buchlin, visiblement ému, a tenté d’expliquer le geste de son collègue et ami.

« Ce n’était pas son rôle, lui qui aimait suivre les procédures à la lettre, qui était vraiment quelqu’un de droit, a souligné M. Buchlin. C’est la première fois qu’il n’a pas suivi les procédures » en proposant de prendre la place de l’otage. Il savait les risques qu’il prenait, a-t-il dit.

L'autopsie du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué après s'être livré à Lakdim pour sauver une otage du supermarché de Trèbes, a mis en évidence des lésions par balles non létales et a « révélé une plaie gravissime de la trachée et du larynx par arme blanche ».

Débat politique

Ces attentats ont pris progressivement une tonalité plus politique, avec des critiques très vives de la droite et de l'extrême droite contre le gouvernement Macron.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a réclamé lundi la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, fustigeant une « défaillance profonde » du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme.

Laurent Wauquiez, président de LR (opposition de droite), a dénoncé la « coupable naïveté » d'Emmanuel Macron et réclamé le rétablissement de l'état d'urgence.

Il a réitéré sa demande de rétention administrative des fichés « S » les plus dangereux et l'expulsion des étrangers qui seraient dans cette situation. L'ex-premier ministre socialiste Manuel Valls a lui aussi évoqué une éventuelle « rétention administrative » des fichés « S » les plus dangereux et a plaidé pour une « interdiction du salafisme ».

Dans la petite ville de Trèbes, la vie a repris difficilement son cours. Peu d'élèves se sont ainsi rendus lundi matin à l'École L'Aiguille, située à quelques pas du supermarché où la prise d'otages a eu lieu.

« Tout le week-end, [mon enfant] n'a fait qu'en parler [...] c'était un peu dur pour lui; il a passé la matinée, presque toute l'après-midi, jusqu'à 16 h, sous les tables », rapporte Nadia, les yeux embués et la voix chevrotante.

« Il racontait ce qu'il avait entendu : que quelqu'un tirait sur les gens. Il avait surtout peur pour moi, parce que je fais mes courses tout le temps là-bas. Il m'a dit : maman, j'imaginais que tu étais là-bas avec mon frère, qu'on vous tirait dessus ».

Au supermarché, la station-essence a rouvert. En revanche, le magasin et l'accès à ce dernier demeurent fermés. Les enquêteurs poursuivaient lundi matin leur travail sur les lieux.

Une minute de silence a été observée lundi à midi dans tous les supermarchés de France.

Avec les informations de Reuters et Agence France-Presse

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