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Animaux marins

Un cas d'infanticide observé pour la toute première fois chez des orques

Des chercheurs canadiens ont pu observer directement un cas d'infanticide chez des orques dans l'océan Pacifique. C'est la première fois qu'un tel comportement est rapporté chez cette espèce de cétacés.

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Groupe d'orques

Comme d'autres espèces de mammifères, les orques peuvent tuer volontairement la progéniture d'un congénère.

© AP/SIPA

L'infanticide est un comportement parfois observé chez les mammifères terrestres. Chez les cétacés, il est plus rare de voir un adulte tuer volontairement un animal plus jeune bien que les biologistes assurent que 3 espèces de dauphins le font. En décembre 2016, au nord de l'océan Pacifique, des chercheurs canadiens ont pu décrire pour la première fois un infanticide chez des orques (Orcinus orca) avec une particularité : le jeune animal a été tué par un mâle de 32 ans et la mère de ce dernier, âgé de plus de 46 ans. "C'est le seul cas connu d'infanticide commis conjointement par un mâle adulte et sa mère, hors espèce humaine", expliquent les biologistes dans un article publié le 20 mars 2018 dans la revue Scientific Reports.

L'animal a sûrement été noyé par le mâle

Le 2 décembre 2016, deux groupes d'orques nageaient à proximité l'un de l'autre : une première famille menée par une femelle nommée T046B et une autre menée par T068, accompagnée uniquement de son fils. Ces derniers sont restés plusieurs centaines de mètres derrière les 46B (le groupe qui a pour matriarche T046B) pour finalement aller à leur rencontre. Les chercheurs n'ont pu noter que des mouvements saccadés dans l'eau avant d'arriver sur place. Ils ont alors réalisé qu'une orque née dans l'année et ayant pour mère la matriarche du groupe n'était pas remontée à la surface. Peu de temps après, le mâle de la famille 68 est passé à proximité du bateau de recherche avec la queue du jeune animal enserrée dans sa puissante mâchoire. À la suite de cet évènement, les biologistes ont noté "une activité vocale intense" et ont donc déployé des hydrophones. Ils ont ainsi pu entendre un véritable brouhaha : des vocalisations anormales, des sifflements ou encore des percussions. Ils ont également aperçu la mère du nouveau-né se ruer sur le mâle responsable. Puis, le calme est revenu et chaque groupe a repris sa route. Les chercheurs ont alors pu constater la présence de récentes traces de dents sur le corps des membres de la famille 68. S'ils n'étaient pas encore sur place lorsque la jeune orque a été tuée, ils supposent néanmoins que le mâle a saisi sa queue, l'empêchant ainsi d'aller respirer à la surface conduisant à la noyade de l'animal.

Arbres généalogiques des deux groupes d'orques avec le sexe et l'année de naissance. L'animal tué est T046B5 © Scientific Reports / J. R. Towers & all

Un infanticide en famille qui n'a rien de surprenant pour les chercheurs

Comme chez d'autres mammifères sociaux, ce comportement est souvent destiné à augmenter les opportunités de reproduction du mâle responsable et par ricochet, il perpétue les gènes de sa mère qui y trouve donc un intérêt. "Qu'ils aient commis cela en coopération n'est pas surprenant car les liens qui unissent une mère et sa progéniture peuvent être particulièrement forts", notent les chercheurs dans l'étude. En éliminant le petit d'une femelle, le mâle se débarrasse d'un animal dépendant qu'elle doit protéger et nourrir. Sans lui, elle redevient libre pour la reproduction. "Dans ces cas-là l'infanticide ne donne pas seulement une opportunité pour la reproduction, il permet aussi de supprimer la progéniture d'un rival", indique l'étude. Une autre hypothèse veut que ce comportement soit adopté en période de disette : l'animal tué est mangé. Mais dans ce cas, les chercheurs sont formels, la jeune orque n'a pas été consommée. Le mâle visait donc sans doute un accouplement mais les traces de dents sur son corps donne une indication sur la réponse de la matriarche.

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