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Les tuiles s'accumulent pour Nicolas Sarkozy

C'est en marge de l'affaire libyenne dont on a tant parlé la semaine dernière qu'éclate ce dossier sur Nicolas Sarkozy.

Comme disait un certain Jacques Chirac dans l'une de ses saillies restées fameuses, «les emmerdes, ça vole en escadrilles». Nicolas Sarkozy a de quoi ruminer la formule de l'ancien président. Car après les ors de l'Elysée, il risque comme lui de se frotter aux lambris du palais de justice.

Après sa mise en examen pour «corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens» la semaine dernière dans l'affaire du présumé financement de sa campagne de 2007 par le régime de Mouammar Kadhafi, c'est un autre dossier qui le rattrape. Celui dit «des écoutes téléphoniques». Les juges d'instruction en charge viennent de signer l'ordonnance de renvoi de l'ancien président devant le tribunal correctionnel de Paris. Ses avocats ont aussitôt interjeté appel. Si ces recours ne devaient pas aboutir, Nicolas Sarkozy serait jugé pour «corruption et trafic d'influence», de même que son fidèle avocat, Thierry Herzog et l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert.

Feuilleton croquignolesque

L'affaire n'est pas aussi explosive, loin s'en faut, que celle qui vient de valoir à l'ancien chef de l'Etat vingt-quatre heures de garde à vue dans les locaux de la police anti-corruption de Nanterre. Elle aurait même tous les atours d'un feuilleton croquignolesque («Paul Bismuth au téléphone!») si elle ne mettait pas en cause l'indépendance des pouvoirs. Mais elle constitue une goutte d'eau de plus dans le supplice chinois éprouvé par un homme qui rêvait encore il y a un an et demi à peine d'un nouveau destin présidentiel. Car c'est en effet la deuxième fois, après un premier renvoi dans l'affaire Bygmalion (le financement de la campagne de 2012), que les juges indiquent à Nicolas Sarkozy la case procès.

C'est en marge de l'affaire libyenne dont on a tant parlé la semaine dernière qu'éclate ce dossier. Lorsqu'une information judiciaire est ouverte après les révélations de Mediapart en 2012, les juges placent l'ancien président et ses proches sur écoutes téléphoniques. Mais en 2014, alors qu'ils tendent l'oreille pour savoir si des flux financiers peuvent avoir été envoyés de Tripoli, voilà qu'ils découvrent que Nicolas Sarkozy utilise une ligne secrète pour communiquer avec son avocat. Ouverte au nom de «Paul Bismuth», elle permet aux deux hommes d'échanger des conversations compromettantes sur d'autres dossiers. Ainsi Nicolas Sarkozy s'enquiert-il auprès de son conseil de l'avancement d'un épisode de l'affaire Bettencourt, relative à un soupçon de financement par feu l'héritière de l'Oréal de sa campagne de 2007. Au cours de la conversation, il est question des bonnes grâces que l'on peut tirer d'un magistrat de la cour de cassation. En échange de son aide, on lui fait miroiter une promotion à Monaco. Gilbert Hazibert n'ira pas s'installer sur la côte d'Azur. Il ne gagnera pas non plus à la roulette au casino judiciaire. Dans leur réquisitoire, les magistrats n'y sont pas allés de main morte, en comparant les méthodes des trois hommes à celles de «délinquants chevronnés».

Nicolas Sarkozy, qui vient déjà d'organiser sa défense dans le dossier libyen en tentant de décrédibiliser ses accusateurs, est désormais contraint de monter au front sur un autre dossier. Dans une interview au Figaro en 2014, il avait déjà donné un aperçu de sa riposte, mettant en cause l'acharnement des juges. Il avait carrément comparé les méthodes utilisées en France à celles de la Stasi, la police politique de l'ex-RDA.