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Climat : Dakar sacrifie ses pêcheurs pour le charbon

Les industries qui contribuent au réchauffement s’entassent sur une zone côtière déjà menacée par l’érosion et la montée des eaux.

Par  (Dakar, correspondance)

Publié le 04 avril 2018 à 11h43, modifié le 05 avril 2018 à 10h37

Temps de Lecture 5 min.

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Deux filles de la ville de Bargny au Sénégal, devant la centrale électrique à charbon en fin de construction en octobre 2017.

Derrière les grandes pirogues colorées que les pêcheurs sénégalais tirent sur la plage se dessine dans les vapeurs du matin la silhouette d’un « monstre ». C’est ainsi que les habitants de la commune de Bargny, à 35 km de Dakar, surnomment l’immense cheminée de la centrale électrique à charbon qui se dresse au-dessus de leur ville. « Ils ont commencé les essais, raconte Cheikh Fadel Wade, coordinateur du collectif des communautés affectées par le projet. Ils veulent la mettre en activité ce mois-ci, mais nous allons tout faire pour l’empêcher. »

Depuis 2010, avec ses camarades, il tente de s’opposer à la détérioration de leur territoire et des activités ancestrales d’agriculture et de pêche. Sur les 70 000 habitants de Bargny, une forte majorité vit de l’activité halieutique. La ville concentre l’une des plus grandes communautés de pêcheurs lébous du Sénégal.

Mais le réchauffement climatique menace : Bargny est l’une des villes les plus vulnérables à l’érosion côtière. Avec la montée des eaux, les vagues lèchent aujourd’hui les flancs de maisons à demi écroulées sur la plage. La mer nourricière est devenue une menace qui progresse de plus de deux mètres par année, forçant des centaines d’habitants à s’entasser dans les quartiers riverains. « Nous devions reculer sur les terres arables mais nous ne pouvons pas, s’agace Fadel Wade. Les industries polluantes s’établissent sur toute la zone. Nous sommes pris en tenaille ! »

En octobre 2017, à Bargny, les pêcheurs réparent leurs filets sur les places publiques.

Outre le projet de la centrale à charbon de Sendou, Bargny doit compter avec l’une des plus grandes cimenteries d’Afrique de l’Ouest, la Sococim, appartenant au groupe français Vicat. Elle se tient à 3 km des habitations, dans la commune voisine de Rufisque. Dans quelques années, Bargny abritera aussi un port minéralier et vraquier de 483 hectares dont le lancement des travaux a été annoncé par le président Macky Sall fin février.

Si tant de projets industriels trouvent ici leur place, c’est que Bargny est au centre du Plan Sénégal émergent (PSE), le vaste programme de réformes infrastructurelles lancé par le gouvernement en 2014. Engorgée, Dakar a besoin de s’étendre en métropole tentaculaire hors de sa péninsule. Et le département de Rufisque, dont fait partie Bargny, représente 67 % de l’assiette foncière de la région. L’emplacement de la commune est idéal : proche de la capitale et de la côte, elle est traversée par une route nationale et bientôt par le nouveau TER.

Sardinelles

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