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Kandel, foyer des angoisses identitaires allemandes

Les militants anti-islam se mobilisent dans l’ouest de l’Allemagne depuis le meurtre d’une adolescente de 15 ans par un Afghan, en décembre 2017.

Par  (Kandel (Rhénanie-Palatinat), envoyé spécial)

Publié le 04 avril 2018 à 11h11, modifié le 04 avril 2018 à 19h30

Temps de Lecture 5 min.

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A Kandel (Allemagne), le 24 mars. Sur la banderole : « Kandel est partout, nous demandons protection et sécurité »

Une fois de plus, Kandel (Rhénanie-Palatinat) va se transformer en camp retranché. Samedi 7 avril, plusieurs manifestations sont à nouveau prévues dans ce bourg coquet de 8 500 habitants situé dans l’ouest de l’Allemagne, à une dizaine de kilomètres de la frontière française. Des centaines de policiers seront mobilisés. Le centre-ville sera bouclé. Et, comme c’est régulièrement le cas depuis le début de l’année, des journalistes venus des quatre coins du pays s’intéresseront à ce petit bout d’Allemagne devenu l’épicentre des angoisses nationales liées à l’immigration en général, et à l’islam en particulier.

Tout a commencé le 28 décembre 2017. Ce jour-là, Mia, 15 ans, est attaquée au couteau par son ex-petit ami dans une parapharmacie de Kandel. Elle meurt à l’hôpital. La victime est allemande, son agresseur est afghan. Rapidement, l’enquête révèle que le jeune homme, arrivé en Allemagne en avril 2016, s’est vu refuser deux fois sa demande d’asile. On apprend qu’il n’a pas 15 ans, comme il le prétendait, mais au moins trois ou quatre de plus. Majeur et sans titre de séjour, il était donc expulsable.

L’ambivalence de l’AfD

Dès le 2 janvier, cinq jours après la mort de Mia, une manifestation a lieu à Kandel. Elle réunit 400 personnes. Le principal organisateur est Marco Kurz, un militant d’extrême droite très actif sur les réseaux sociaux et qui rêve d’organiser une « marche sur Berlin » de 500 000 citoyens en colère contre Angela Merkel. Des militants appartenant à des groupuscules identitaires ou néonazis sont également présents.

D’autres rassemblements sont organisés. Ils attirent chaque fois plus de monde : le 28 janvier, environ 1 000 personnes sont présentes ; le 3 mars, elles sont plus de 4 000. « Au fil des semaines, la mobilisation a fait tache d’huile. Grâce à une mobilisation extrêmement efficace sur Facebook, mais aussi sur d’autres plates-formes, comme VKontakte, un réseau social russe très prisé par l’extrême droite, qui y jouit d’une liberté d’expression qu’elle n’a pas ailleurs, on a vu des gens converger d’un peu partout en Allemagne. Très vite, tous les mouvements anti-islam et anti-immigration du pays, à commencer par Pegida [créé à Dresde en 2014], ont manifesté leur “solidarité” avec Kandel », explique Rüdiger Stein, membre du syndicat DGB.

Par souci de ne pas donner le sentiment d’emboîter le pas à une extrême droite radicale à l’origine de la mobilisation, le parti Alternative pour Allemagne (AfD) jouera, dès le début, un rôle ambivalent dans l’affaire. Officiellement, il se tient à l’écart. Mais, si ses dirigeants n’ont pas appelé à manifester sous la bannière du parti, ils n’en soutiennent pas moins le mouvement. « Les gens ont peur. Avant, ce genre d’agression avait lieu dans des grandes agglomérations. Maintenant, on découvre qu’on peut se faire tuer au couteau dans des petites villes sans histoire. Kandel est un symbole », explique Matthias Joa, député AfD au Parlement de Rhénanie-Palatinat.

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