La Belgique sortira du nucléaire en 2025

Le gouvernement fédéral de Belgique a signé un accord pour fermer les sept réacteurs nucléaires du pays d’ici 2025. [Alexandros Michallidis/ Shutterstock]

Le gouvernement belge a approuvé un nouveau pacte énergétique qui permettra au pays d’éliminer progressivement l’énergie nucléaire entre 2022 et 2025.

Le gouvernement fédéral de Belgique a signé le 30 mars un accord pour fermer les sept réacteurs nucléaires du pays d’ici 2025.

Le Pacte énergétique prévoit, entre autres, de fermer les centrales nucléaires de Doel et de Tihange et d’investir davantage dans le développement des énergies renouvelables, en particulier dans les parcs éoliens offshore.

En Belgique, 40 % de l’énergie provient du nucléaire et plus de 50 % de l’électricité est produite par ces deux réacteurs, ce qui signifie que les institutions européennes devront énormément investir dans les énergies renouvelables ou exploiter davantage le gaz naturel.

Le pays se situe au quatrième rang derrière la France, la Slovaquie et l’Ukraine en termes de plus grande part du nucléaire dans la production totale d’énergie. De plus, il est à la traîne pour son objectif de 13 % d’énergies renouvelables d’ici 2020, les données récentes d’Eurostat révélant que seulement 8,7 % de son énergie provient de sources renouvelables telles que le solaire ou l’éolien.

La fermeture des centrales nucléaires pourrait donner l’impulsion dont le pays a besoin pour produire plus d’énergie renouvelable. Le pacte énergétique prévoit également d’adopter l’année prochaine une stratégie énergétique pour 2030.

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Centrales en fin de vie

Selon l’Association nucléaire mondiale, les réacteurs exploités actuellement à Doel et à Tihange peuvent opérer jusqu’à fin 2025, ce qui signifie que l’engagement du pays à fermer progressivement les réacteurs nucléaires ne revient en réalité qu’à ne pas renouveler l’autorisation d’exploitation des centrales.

Les deux installations ont par le passé fait l’objet de controverses en raison de problèmes de sécurité et de leur âge. Des microfissures ont en effet été découvertes dans certains réacteurs des deux centrales en 2013, qui ont ensuite été fermées jusqu’en 2015. Des organisations environnementales ont protesté lorsque leur permis a été prolongé jusqu’en 2025, date à laquelle ils auront presque un demi-siècle.

Selon le nouveau Plan d’urgence nucléaire belge, qui est entré en vigueur le 6 mars, de l’iode doit être distribué dans un rayon de 100 km autour des centrales nucléaires, une zone qui couvre tout le pays.

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Les deux centrales sont situées près des frontières néerlandaise et allemande alors que les Pays-Bas n’exploitent qu’un seul petit réacteur et l’Allemagne prévoit de fermer toutes ses centrales nucléaires.

La fermeture progressive des centrales belges n’a provoqué que peu de réactions jusqu’à présent étant donné que les ministres ne voteront cette décision que fin mai. Cependant, le bureau belge d’ExxonMobil a twitté qu’il était favorable au nouveau pacte énergétique.

Entrée du nucléaire en Pologne

Si la Belgique tente de s’éloigner de l’énergie nucléaire, la Pologne souhaite pour sa part investir davantage dans la production d’énergie atomique, en construisant son premier réacteur.

Krzysztof Tchórzewski, le ministre polonais de l’Énergie, a déclaré à un forum polonais que le pays décidera sur la possibilité de développer le nucléaire, alors que la plupart des pays d’Europe de l’Est se démènent pour décarboniser leur économie.

« Toutes nos analyses montrent que nous devrions aller dans cette direction », a souligné le ministre polonais, insistant sur le fait que le pays souhaite construire trois « unités nucléaires » à intervalle de cinq ans.

Le gouvernement a estimé le coût de ces unités à environ six milliards d’euros. L’idée est en préparation depuis 2009, mais le pays a encore besoin de plusieurs années pour la finaliser ; la construction durerait environ six ans et la première centrale devrait être inaugurée d’ici 2030, ont estimé des experts en énergie.

Des doutes planent sur la durabilité de ce plan, les énergies renouvelables devenant moins chères de jour en jour. Les citoyens continuent à craindre les incidents nucléaires, tels que la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 et même de Tchernobyl en 1986, qui a eu des répercussions dans le nord de la Pologne.

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Énergies renouvelables en hausse au Royaume-Uni

Des données officielles publiées par le gouvernement britannique ont montré que la production d’énergie éolienne et solaire dépassait le nucléaire au quatrième trimestre 2017, pour la première fois.

Les deux sources d’énergie renouvelable ont généré 18,33 TWh, pour 16,69 TWh du nucléaire, d’après les chiffres publiés par le ministère des Affaires, de l’Énergie et des Stratégies industrielles.

Bien que les énergies renouvelables n’aient toujours pas réussi à égaler le gaz naturel, qui a généré plus de 35 TWh, cela a suffi pour que les organisations environnementales comme Greenpeace appellent Westminster à arrêter d’investir dans le nucléaire et à se tourner vers l’énergie éolienne et solaire.

L’expansion de l’usine de Hinkley Point, le dernier projet nucléaire britannique, a suscité la controverse, car il aurait dépassé le budget et serait en retard. De plus, de la boue « radioactive » draguée du chantier de construction serait déversée dans les eaux près de la capitale galloise, Cardiff.

Des tests sur les matériaux de dragage auraient finalement révélé que la boue n’était pas radioactive, mais les politiciens gallois ont critiqué le gouvernement décentralisé de « se vendre à Londres ».

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