Le vent du changement continue de souffler sur Bratislava, après l’assassinat en février du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa femme, alors qu’il s’apprêtait à révéler un scandale mêlant la mafia, le monde des affaires et la classe politique.

Démissions en chaîne

Malgré la chute du gouvernement de Robert Fico, son remplacement par l’ancien vice-premier ministre Peter Pellegrini, et la démission du chef de l’unité anti-corruption de la police slovaque, l’exécutif n’a pas encore convaincu les Slovaques, qui descendent encore une fois dans la rue ce jeudi 5 avril pour demander des élections anticipées et une « Slovaquie Honnête ».

Vendredi 9 mars, près de 40 000 personnes s’étaient rassemblées dans la capitale slovaque, la plus importante manifestation depuis la « Révolution de velours », qui a scellé la chute du communisme en Tchécoslovaquie en 1989. La mobilisation de ce 5 avril dira si ce mouvement civique peut inscrire son action dans la durée.

Une fausse rupture ?

Peter Pellegrini a condamné le meurtre du journaliste Jan Kuciak qui avait enquêté sur la corruption et sur des liens entre des hommes d’affaires italiens soupçonnés de relations avec la mafia calabraise, la 'Ndrangheta’, et des hommes politiques slovaques, y compris dans l’entourage de l’ancien premier ministre social-démocrate Robert Fico.

Le nouveau premier ministre a été élu par 81 députés dans un parlement de 150 sièges, selon un communiqué officiel. Mais ce nouveau gouvernement de la coalition tripartite est composé en majorité de personnes ayant appartenu au gouvernement sortant, dont certains ont simplement changé d’attributions. Peter Pellegrini voudrait tout de même convaincre qu’il peut amener la rupture.

« Je considère la nomination du nouveau gouvernement comme une étape qui mettra fin à la tourmente en Slovaquie et qui permettra de retrouver la stabilité », a-t-il déclaré aux députés avant que ces derniers ne le portent à la tête de l’exécutif. « Nous ferons tout notre possible pour que les gens honnêtes puissent vivre bien et que ceux qui commettent des crimes soient punis », a-t-il promis dans le journal TASR. Un discours qui n’a pas pris dans les rangs des manifestants, malgré une mobilisation qui s’est élimée d’un rassemblement à l’autre.