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Société

Dans une étude, un tiers des ados interrogés prêts à recourir à la violence "pour défendre leurs idées"

Un jeune homme s'éloigne d'un nuage de gaz lacrymogène tiré par la police lors de manifestations contre les violences policières, près du lycée Voltaire le 23 février 2017 à Paris.

Un jeune homme s'éloigne d'un nuage de gaz lacrymogène tiré par la police lors de manifestations contre les violences policières, près du lycée Voltaire le 23 février 2017 à Paris. - Lionel Bonaventure - AFP

Une étude menée auprès de 7.000 lycéens souligne que si la tolérance de la violence "pour défendre sa religion" n'en concerne qu'une minorité, un tiers des sondés pense qu'elle reste "acceptable dans certains cas pour défendre ses idées".

Une large étude menée par deux sociologues du CNRS et dont les résultats sont dévoilés dans La Tentation radicale, à paraître ce mercredi, permet d'un peu mieux cerner comment des idées "radicales" peuvent germer dans l'esprit de jeunes Français.

Un tiers des adolescents interrogés pense ainsi qu'il est "acceptable dans certains cas de participer à une action violente pour défendre ses idées", voire de "se battre armes à la main pour défendre sa religion" pour 20% de jeunes se déclarant comme musulmans, contre 9% pour les chrétiens et 13% pour les autres religions.

Attention toutefois. L'échantillon n'est volontairement pas représentatif:

"Nous avons proposé, avec Olivier Galland, de faire un travail sur le halo de radicalité qui peut exister aujourd'hui, dans la jeunesse française et notamment sur des segments où d'habitude, il est difficile de travailler. C'est pour cela que nous avons considéré qu'il fallait un échantillon de jeunes musulmans", explique ce mercredi sur RMC Anne Muxel, l'une des deux sociologues ayant mené l'étude.

Une étude ciblée géographiquement

Quelque 7 000 questionnaires ont ainsi été envoyés à des élèves de 2nde de quatre zones où des "manifestations de radicalité" ont été constatées ces dernières années, précise Le Monde. Une radicalité qui n'est pas que religieuse: ont été pris en compte les émeutes urbaines, blocages d'établissements ou encore affrontements avec les forces de l'ordre. Les académies d'Aix-Marseille et de Dijon, la région de Lille et l'Île-de-France ont finalement été retenues.

Sur les adolescents interrogés, 1.750 se sont déclarés comme musulmans, soit plus d'un quart de l'échantillon total. Une proportion volontairement supérieure à la moyenne nationale, tout comme celle de jeunes issus des catégories populaires ou de l'immigration.

"Ces biais rendent notre panel très différent de la jeunesse française en général, mais sa diversité et sa taille permettent de vérifier à notre échelle si des variables économiques, culturelles, religieuses sont associées à une adhésion plus ou moins grande à des idées radicales", assurait Anne Muxel lors de la publication de premiers résultats en mars 2017.

La discrimination accroît l'absolutisme religieux

Des variables socio-économiques qui "n'affectent en rien" le constat que "comparés aux chrétiens, les musulmans que nous avons interrogés sont cinq fois plus souvent absolutistes et deux fois plus souvent prêts à justifier la violence religieuse", avancent les auteurs, cités par La Croix.

A l'exception notable du sentiment de discrimination, qui semble accroître l'absolutisme religieux chez les garçons, et de la tolérance à la violence en général, qui tendrait à renforcer l'acceptation de la violence au nom de la religion. Deux facteurs probablement amplifiés par le ciblage géographique de l'étude.

"On notera qu’il s’agit d’une très petite proportion en définitive, l’absolutisme radical est très loin d’être majoritaire chez les musulmans ! Néanmoins, cette tendance est de fait plus marquée dans ce segment de notre échantillon", nuançait Olivier Galland en mars 2017.

L.A.