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Investissements : la part des collectivités locales au plus bas depuis les années 70

Une étude du groupe bancaire BPCE montre que les collectivités ont sacrifié l'investissement sans parvenir à se désendetter. Sa relance devrait rester limitée et ne profiter qu'à une poignée de territoires.

Par Matthieu Quiret

Publié le 29 mars 2018 à 17:01

C'est un constat sombre et soucieux pour l'avenir des collectivités que le laboratoire économique du groupe BPCE a publié ce jeudi. « La phase de désinvestissement que les collectivités viennent de vivre ces dernières années a déjà eu lieu au milieu des années 1990. Mais cela s'était fait dans des proportions deux fois moins élevées et surtout en permettant un désendettement majeur, et du coup la relance des projets après 2002. Nos travaux sur la période 2011-2016 montrent que le désendettement n'a cette fois pas eu lieu », résume Alain Tourdjman, l'auteur de l'étude.

Pendant dix ans jusqu'en 2002, la dette des administrations locales est passée de 9 % du PIB à 6,7 % quand l'investissement augmentait annuellement de 2 % à 13 %. Les dépenses décroissent de 3 % à 9 % par an depuis 2014, alors que la dette dépasse de 8,5 à 9 % du PIB.

Autre indication intéressante, la part des dépenses d'investissement local dans le total national (privé et public) décline depuis quelques années : elle était de 12 % en 1995, s'est maintenue entre 10 et 11 % jusqu'en 2013 avant de sombrer à 8 %, son niveau de 1972. « Nous sommes revenus à la situation de la période précédant la décentralisation », pointe Alain Tourdjman.

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Le groupe bancaire juge pourtant que l'investissement des collectivités françaises est resté « sain » par rapport à celui des voisins européens. La proportion dépense sur dette reste sous la moyenne communautaire. « Il n'y a pas de surcoût à l'investissement », assure l'étude. Ce n'est donc pas tant la situation actuelle des finances locales qui inquiète l'établissement bancaire que la capacité des élus locaux à relancer l'investissement alors que leur solvabilité s'est dégradée.

Des métropoles gagnantes

Les écarts géographiques sur l'investissement vont se creuser à lire l'étude de BPCE et seuls quelques territoires en profiteront. Les économistes ont agrégé pour chaque département les comptes des différentes strates de collectivités. La carte qui en résulte dégage huit familles de comportements entre 2011 et 2016. Ceux qui ont sous-investi et sous-emprunté, ceux qui ont tenté à contre-cycle de surinvestir malgré une situation financière délicate, etc. Au final, seuls les territoires articulés autour d'une métropole vont pouvoir réinvestir fortement. Ils ont su infléchir modérément leurs dépenses ces dernières années et préserver leur solvabilité et vont maintenant profiter à plein de la croissance économique.

Et l'expert ne croit pas davantage à la stratégie du gouvernement d'encadrer par des contrats les dépenses de fonctionnement des élus locaux pour leur redonner des marges d'investissement. « Jamais les administrations publiques n'ont réussi à le faire malgré les injonctions de l'Etat, c'est toujours l'investissement qui reste la variable d'ajustement. Il y a beaucoup de dépenses de fonctionnement incompressibles, à commencer par la croissance démographique. Pourquoi y parviendraient-elles maintenant ? », s'interroge l'économiste de la BPCE.

Une étude publiée mardi de l'Observatoire des finances et de la gestion publiques locales (OFGL) a néanmoins confirmé une nette reprise des dépenses locales d'équipements (+6,5 %) l'an passé, conforme au rythme classique du cycle électoral. Mais l'OFGL a prévenu que le niveau de départ reste bas : par rapport à la moyenne des vingt dernières années, en euros constants, les dépenses d'équipement 2017 enregistrent un recul de 8 %, voire de 13 % en soustrayant la croissance démographique.

Matthieu Quiret   

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