Un «désastre»
Face à ce «désastre» qui occupe la une des journaux allemands depuis plus d’une semaine, le président de la DB, Rüdiger Grube, a dû interrompre ses vacances. Il a rencontré les syndicats hier pour leur confirmer que 600 aiguilleurs seraient embauchés pour les situations d’urgence.
Cet aveu d’échec a été l’occasion pour les syndicats de dénoncer les réductions de personnel. Pour les seuls employés du réseau (DB Netz), dont les aiguilleurs, le nombre de postes est passé de 52 000 à 35 000 en dix ans. Les autres catégories de personnels ont également dénoncé une pénurie de main-d’œuvre. «Il nous manque 800 conducteurs de train», a expliqué Claus Weselsky, le chef du syndicat des conducteurs de train.
Les experts estiment que cette situation est une conséquence directe de la privatisation de la DB et de sa tentative d’entrée en bourse. L’ancien patron, Hartmut Mehdorn, est accusé d’avoir mené un programme d’austérité dans le seul objectif d’ouvrir le capital aux investisseurs. Pour que l’action DB se vende à bon prix, il fallait rentabiliser au maximum. «La compagnie n’avait qu’un objectif en tête: économiser. Cette stratégie l’a menée dans le mur», explique Heiner Monheim, professeur à l’Université de Trèves.
En réduisant la masse salariale, DB a d’ailleurs renoué avec les bénéfices (2,7 milliards d’euros avant impôt en 2012). Mais les dividendes ne sont pas réinvestis dans le réseau ou les matériels, critiquent les experts.
Par ailleurs, la DB ne remplit plus son rôle de service public, ajoutent les écologistes. «La Deutsche Bahn est devenue un groupe logistique mondial actif dans 140 pays de la planète», constate Anton Hofreiter, président vert de la Commission parlementaire chargée des transports. «Pourquoi devons-nous aujourd’hui être le premier transporteur de vin en Australie? C’est absurde», peste-t-il.
Le gouvernement Schröder avait engagé cette restructuration de la DB il y a dix ans. L’entrée en bourse avait échoué en 2008 en raison de la crise bancaire. Transformée en société privée dans les années 90, la DB est donc toujours aux mains de l’Etat. Une nouvelle tentative d’introduction en bourse n’est pas à l’ordre du jour.