La Chine éclipse l’UE sur l’investissement dans le solaire en 2017

Une vue aérienne de la centrale électrique « Datong Panda » où les panneaux solaires sont disposés pour former une tête de panda, dans la province chinoise du Shanxi, le 25 juillet 2017. [EPA/HOW HWEE YOUNG]

Le monde a financé plus d’énergie solaire que d’énergies fossiles. Si la Chine pèse pour plus de la moitié de la nouvelle capacité solaire mondiale, l’Europe est à la traîne.

Le chiffre record de 98 gigawatts de capacité additionnelle en solaire a été atteint à l’échelle mondiale en 2017, soit bien plus que l’ensemble net de toute autre technologie – renouvelable, combustibles fossiles ou nucléaire – selon le nouveau rapport de l’ONU Environnement.

Le rapport « Tendances mondiales des investissements dans l’énergie solaire 2018 » a été publié le 5 avril 2018 par l’ONU Environnement, le Centre de Collaboration Frankfurt School – PNUE et Bloomberg New Energy Finance.

À 131,4 milliards d’euros au total, « le solaire a attiré plus d’investissements que toute autre technologie », estime le rapport. En Chine, il a connu un « essor sans précédent », où 53 gigawatts ont été ajoutés, soit plus de la moitié du total mondial, et 70,7 milliards d’euros investis.

« La croissance de l’énergie propre de la Chine est une excellente nouvelle pour la planète », a déclaré l’association SolarPower Europe, citant « une réduction de près de 80 % des coûts » comme l’un des principaux facteurs de croissance, parallèlement à un cadre réglementaire propice.

La Chine éclipse l’UE en atteignant en avance son objectif solaire pour 2020

La Chine a atteint son objectif 2020 en termes d’énergie solaire bien plus tôt que prévu, avec une capacité de production qui dépasse de loin les 105 GW. L’Europe est appelée à montrer le même niveau d’ambition.

Au total, les énergies renouvelables ont attiré de loin le plus d’investissements, soit 228,7 milliards d’euros, « dépassant ainsi d’environ 84,2 milliards d’euros les investissements dans les nouvelles capacités de production électrique à partir de charbon et de gaz ».

« Le monde a ajouté plus de capacité électrique solaire que de capacités au charbon, gaz et nucléaire combinés », a déclaré Nils Stieglitz, président de la Frankfurt School of Finance & Management. « Cela montre bien la direction dans laquelle nous avançons même si, les énergies renouvelables étant encore loin de fournir la majorité de l’électricité, il nous reste encore un long chemin à parcourir. »

L’année dernière, pour la huitième année consécutive, les investissements mondiaux dans les énergies propres ont dépassé les 163,5 milliards d’euros, indique le rapport. « Depuis 2004, le monde a investi 2 488 milliards d’euros dans ces sources d’énergie propres. »

Certaines régions, comme les États-Unis et l’Europe, sont à la traîne. De l’autre côté de l’Atlantique, les investissements ont chuté de 6 %, atteignant 34,4 milliards d’euros. En Europe, la chute a été encore plus importante, 36 %, à 35 milliards d’euros. Les plus fortes baisses ont été enregistrées au Royaume-Uni (de 65 % à 6,1 milliards d’euros) et en Allemagne (de 35 % à 8,5 milliards d’euros).

« Dans les pays où les investissements ont baissé, cela a généralement reflété un mélange de changements dans le soutien politique, le calendrier de financement pour de grands projets comme l’éolien offshore, et le montant d’investissement plus faible par mégawatt », a déclaré Angus McCrone, rédacteur en chef de Bloomberg New Energy Finance et auteur principal du rapport.

L’objectif d’énergies renouvelables de 27 % devrait être revu à la hausse

Selon une nouvelle étude de l’IRENA, l’Europe pourrait poursuivre un objectif plus ambitieux de 34 % d’énergies renouvelables pour 2030, tout en maintenant les coûts à un niveau abordable.

En Europe, les eurodéputés verts ont mis en garde contre « une décennie perdue » pour les renouvelables, alors que le Parlement négocie une version actualisée de la directive européenne sur les énergies renouvelables, considérée comme le fondement de la politique énergétique propre de l’UE.

Les chefs d’État de l’UE soutiennent un objectif de 27 % pour les énergies renouvelables pour 2030, mais les détracteurs estiment que la décision prise en 2014 est basée sur des chiffres obsolètes qui ne tiennent pas compte de la chute impressionnante des coûts des énergies renouvelables qui a eu lieu par la suite.

La Commission européenne a reconnu ces lacunes et a présenté des chiffres actualisés, suggérant qu’un objectif de 30 % pour 2030 serait réalisable à des coûts équivalents. Ce nouvel objectif ne satisfait cependant pas les verts.

L’association WindEurope estime que l’un des « ingrédients clés » pour que le secteur des énergies renouvelables reste compétitif est « d’élever à 35 % l’objectif de l’UE en matière d’énergies renouvelables pour 2030 », conformément aux demandes du Parlement.

SolarPower Europe est du même avis, affirmant que la croissance importante d’énergie propre de Pékin « est aussi un avertissement » pour que l’Europe revoie à la hausse son objectif de 2030 et supprime les droits de douane sur les panneaux solaires importés de Chine.

Une décision définitive sur la directive des énergies renouvelables est attendue sous la présidence bulgare du Conseil, qui se termine le 30 juin.

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