Avec un encours de 1,42 milliard de dollars, un nouveau fonds d’obligations vertes émises sur les marchés émergents, baptisé Amundi Planet EGO, prévoit d’investir près de 2 milliards de dollars sur sa durée de vie. Le fonds, le plus grand au monde sur cette thématique, doit permettre d’accroître fortement l’ampleur et le rythme des financements de projets climatiques dans les pays émergents.

Levée de fonds réussie pour Amundi Planet Emerging green One (EGO), qui s’affiche comme le plus grand fonds d’obligations vertes émises sur les marchés émergents. Avec 1,45 milliard de dollars d’encours, ce fonds prévoit d’investir sur sa durée de vie (7 ans) près de 2 milliards d’euros dans des green bonds. Ils doivent financer des projets focalisés sur le changement climatique émis par des institutions financières de pays en développement.
Créer de nouveaux marchés pour les financements climatiques
Le fonds est géré par Amundi, un des gros gestionnaires d’actifs européens en termes d’encours. Il a pour investisseur principal l’IFC, l’organisation du groupe Banque mondiale dédiée au secteur privé, qui s’engage à hauteur de 256 millions de dollars. L’objectif est d’"accroître fortement" l’ampleur et le rythme des financements de projets climatiques dans les marchés émergents en attirant d’importants capitaux d’investisseurs internationaux.
L’idée est d’attirer les investisseurs privés en réduisant les risques – les institutions bancaires de développement jouant le rôle de "preneurs en première perte" – et en leur proposant des mesures d’accompagnement. "Un programme d’assistance technique géré par IFC avec une subvention initiale de 7,5 millions d’euros émanant du SECO (secrétariat d’État à l’économie suisse) aidera à la création de nouveaux marchés pour le financement climatique en développant des standards d’obligations vertes et en proposant des programmes de formation pour les institutions financières cibles", expliquent ainsi les créateurs du fonds.
Un marché en devenir dans les pays en développement
"Ces 2 milliards de dollars représentent une somme non-négligeable à l’échelle du marché des obligations vertes dans les pays émergents, où les émissions ont jusqu’à présent rarement dépassé les 100 millions d’euros par obligation, observe Nicolas Redon, responsable de la recherche investisseurs et climat de Novethic. On peut s’attendre à ce que les montants collectés financent comparativement plus de projets d’adaptation, qui concernent encore moins de 4% des financements alloués via des obligations vertes en 2017."    
Avec ce fonds, l’objectif est donc d’encourager "plus d’institutions financières locales à émettre des obligations vertes, en soutenant le développement de marchés locaux et en augmentant la demande mondiale pour ce type d’actifs", espère ainsi Philippe Le Houérou, le directeur général d’IFC. 
De fait, la campagne de levée de fonds a permis de réunir un panel d’investisseurs institutionnels d’Europe et du Moyen-Orient assez large. Il regroupe des entités de financement de développement comme la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BRED), Proparco (filiale de l’AFD, l’agence française de développement, dédiée au secteur privé) mais aussi plusieurs grands fonds de pension tels qu’AP4 ou l’ERAFP. 
Une analyse à deux niveaux
Concernant les critères de sélection, une charte ESG assez dense prévoit une analyse à deux niveaux. D’une part, les institutions financières émettrices seront analysées grâce à une grille d’évaluation permettant d’éviter les pratiques les plus répréhensibles. D’autre part, concernant les projets financés, les green bonds sélectionnés devront répondre aux Green Bonds Principles et les investissements "sensibles" tels que le "charbon propre" ou les projets hydrauliques à impact sociétal élevé seront exclus.
Mais le périmètre exact de ces exclusions n’est pas précisé. La Chine autorise par exemple les projets d’extraction de Charbon propre dans ses green bonds, souligne un analyste ISR. À noter également que tous les investissements pourraient ne pas être réalisés sous forme de green bonds, mais également sous forme d’obligations conventionnelles avec une analyse ESG. C’est en tout cas une possibilité offerte par le fonds.  
Béatrice Héraud @beatriceheraud

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