Macron veut « réparer » le lien avec les catholiques
Invité de la Conférence des évêques de France, le président a appelé à un « dialogue de vérité » entre l'Eglise et l'Etat, s'attirant à gauche des critiques sur une atteinte à la laïcité.
Invité lundi soir de la Conférence des évêques de France, une première pour un chef d'Etat, Emmanuel Macron a déclaré vouloir instaurer un « dialogue de vérité » entre l'Etat et l'Eglise catholique.
« Pour nous retrouver ici ce soir, Monseigneur, nous avons, vous et moi, bravé les sceptiques de chaque bord. Et si nous l'avons fait, c'est sans doute que nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l'Eglise et l'Etat s'est abîmé et qu'il nous importe, à vous comme à moi, de le réparer », a-t-il dit en réponse à l'archevêque Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France. Une prise de position qui, si elle a été particulièrement appréciée par les catholiques, n'a pas manqué non plus de faire bondir plusieurs responsables à gauche dénonçant une atteinte à la laïcité.
J'entends la voix de l'Eglise.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 avril 2018
J'entends la place essentielle donnée à la famille dans nos sociétés. Certains principes énoncés par l'Eglise se confrontent à une réalité complexe et contradictoire. pic.twitter.com/9tYlqHiQ6O
S'exprimant depuis la grande nef du Collège des Bernardins à Paris, inaugurée il y a près de dix ans par le pape Benoît XVI, le chef de l'Etat a évoqué tous les sujets qui fâchent les catholiques. De la question des migrants - il a défendu une nouvelle fois l'équilibre de sa politique - à celles liées à la bioéthique, alors que les débats sur la PMA et la fin de vie sont loin d'être clos.
Depuis son élection, ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron va à la rencontre des religions. Après avoir célébré avec les protestants les 500 ans de la Réforme en septembre, il a aussi rencontré à plusieurs reprises des représentants de la communauté juive, sans oublier la communauté musulmane avec qui il a rompu le jeûne du ramadan en juin dernier.
« Sève catholique »
Avec les catholiques, le propos était double. Il s'agissait à la fois de rendre hommage à leur action auprès des personnes en difficulté - « le travail que vous accomplissez n'est pas un pis-aller, mais le ciment même de notre cohésion nationale », leur a-t-il dit - et de les appeler à s'engager encore plus en politique.
« Je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation », a déclaré Emmanuel Macron, allant jusqu'à trouver des points communs entre le catholicisme et son mouvement En marche.
Il s'agissait aussi de fixer des lignes rouges face à certaines demandes, notamment sur la PMA ou l'euthanasie. « Certains principes énoncés par l'Eglise sont confrontés à des réalités contradictoires et complexes, qui traversent les catholiques eux-mêmes », a-t-il rappelé.
Instrumentalisation
Faisant une incartade remarquée vers le politique, Emmanuel Macron a aussi profité de son long discours, truffé de références politiques et littéraires, pour dénoncer l'instrumentalisation des catholiques par une partie de la droite et de l'extrême droite. Pendant la campagne présidentielle, le poids de Sens Commun, émanation de la Manif pour tous au sein de l'équipe de François Fillon, avait suscité beaucoup de questions. Aujourd'hui, cet héritage est récupéré par Laurent Wauquiez, le nouveau patron de LR.
POUR EN SAVOIR PLUS :
L'intégralité du discours d'Emmanuel Macron
LIVE | Le dialogue entre l'Eglise et l'Etat est indispensable. Discours à la Conférence des évêques de France. https://t.co/6EcLPEoK5Z
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 avril 2018
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— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 avril 2018
Grégoire Poussielgue