La Croix : Qu’attendez-vous du rapport de la commission d’information et de recherche sur les « Réunionnais de la Creuse » remis ce mardi 10 avril à Annick Girardin, ministre des outre-mer ?

Valérie Andanson : Nous attendons la vérité sur notre histoire. C’est un moment primordial pour nous et il va y avoir beaucoup d’émotion. Cette commission a été créée en 2016 par George Pau-Langevin, alors ministre des outre-mer, pour faire la lumière sur une page sombre de l’histoire de France. Au bout de deux ans de travail, je pense que nous allons quand même apprendre des choses sur ce qui nous est arrivé.

Qui est vraiment responsable de nos départs ? Combien étions-nous exactement ? Est-ce que certains ont réussi dans leur vie ? Dans quelles situations étions-nous quand nous sommes partis ? Comment s’est déroulé le voyage ?

Moi, j’avais trois ans. Je ne sais pas ce qui s’est passé de La Réunion jusqu’à Guéret. Mais je pense que nous n’aurons pas de réponses à toutes nos questions, tellement il y a de zones d’ombre.

La commission doit également faire une série de propositions pour répondre à vos demandes d’ex-mineurs déracinés. Qu’espérez-vous sur ce terrain ?

V. À : Les experts vont en effet faire des propositions, une vingtaine je pense, sachant que ce sera ensuite aux pouvoirs publics de prendre des décisions et de les rendre exécutives. Nous espérons notamment que notre histoire va rentrer dans les manuels scolaires et je pense que c’est gagné. Nous espérons aussi des lieux de mémoire, un à Paris et si possible un autre à La Réunion. Nous pensons que cela, aussi, est acquis.

Est-ce que la question des réparations financières va être abordée ?

V. A. : Je ne crois pas que les experts vont faire des propositions dans ce sens-là. Mais nous continuerons de notre côté à demander des réparations, par d’autres moyens, des moyens judiciaires.

En attendant, la priorité est d’obtenir le renforcement de la cellule psychologique créée l’an dernier pour nous. Elle n’a pas assez moyens pour fonctionner. De même, il faut améliorer le dispositif qui permet aux ex-mineurs de rentrer à la Réunion avec des billets d’avion gratuits, tous les trois ans. Nous aimerions que ces billets soient attribués chaque année et que leurs enfants en bénéficient aussi.