Dès 2019, la SNCF va tester un train-drone

La SNCF va faire circuler en début d’année prochaine un prototype de train-drone télécommandé à distance.

 Dans le cadre du projet TC Rail , des trains vont être équipés d’une caméra à l’avant et d’une système de détection des obstacles. (Illustration)
Dans le cadre du projet TC Rail , des trains vont être équipés d’une caméra à l’avant et d’une système de détection des obstacles. (Illustration) LP/Olivier Boitet

    Imaginez des TGV automatiques filant à 320 km/h ou des TER télécommandés à distance… Ces projets, dignes d'un film de science-fiction, sont en passe de devenir réalité. La SNCF y travaille d'arrache-pied avec des instituts de recherches et des industriels, comme Alstom et Thalès. Plus surprenant, l'entreprise publique a noué un partenariat avec le Centre national d'études spatiales (CNES).

    La SNCF mène ainsi depuis quelques semaines avec l'agence spatiale une nouvelle campagne d'essais sur la ligne Toulouse-Rodez pour développer la signalisation par satellites. « Aujourd'hui, nous localisons les trains au kilomètre près, explique Luc Laroche, le patron du projet train autonome à la SNCF. Demain, grâce au satellite, la précision sera de quelques centimètres.»

    « Dans un premier temps, sur de courtes distances»

    Le CNES participe aussi au projet TC Rail. Lancé en octobre 2017, il doit déboucher début 2019 sur un prototype de train-drone téléguidés depuis le sol. Equipés d'une caméra à l'avant et d'une système de détection des obstacles testé actuellement sur une locomotive laboratoire bardée de capteurs et de radars laser, « les trains-drone circuleront, dans un premier temps, sur de courtes distances », précise Luc Laroche. Une mise en service opérationnelle est prévue d'ici à 2025. Il s'agira, par exemples, de ramener des TGV à leur dépôt ou diriger un TER coincé à quai faute de conducteur vers une voie de garage.

    D'ici là, un nouveau pas sera franchi à partir de 2022 avec la mise en service de rames semi-automatiques sur la ligne E du RER entre Nanterre et la station Rosa-Parks dans l'est de Paris. Un an plus tard, arriveront les nouveaux TGV dont le pilote automatique sera capable de gérer seul l'accélération et le freinage. Ce qui devrait permettra de réduire l'écart entre les rames et d'augmenter le trafic de 25% sur les lignes TGV saturées de Paris-Lyon-Marseille ou Paris-Lille.

    «Sur un vol long-courrier, l'essentiel se fait en pilote automatique»

    « Des rames automatiques, c'est facile à faire circuler dans le métro. Tout le défi de la SNCF est de le faire en milieu ouvert, souligne Luc Laroche. Nous garderons donc des conducteurs à bord pour informer les voyageurs et intervenir en cas d'aléas ou d'intrusion sur la voie. » Une précaution qui pourrait aussi viser à désamorcer l'inquiétude des cheminots et, éventuellement, celle des passagers angoissés. «Sur un vol long-courrier, l'essentiel se fait en pilote automatique, signale Jean-Yves Le Gall, le patron du Cnes, pourtant il reste des pilotes à bord. »

    Enfin, la SNCF va signer dans les semaines à venir un nouveau partenariat technologique et industriel qui vise à réaliser d'ici à 2023 des prototypes de trains cette fois-ci 100% autonomes. L'ambition affichée est de mettre en circulation dès 2026 des convois de fret et des trains régionaux de voyageurs - et pourquoi pas demain des TGV ? - entièrement automatiques. Une révolution technologique qui, espère la SNCF, améliorera la sécurité et la ponctualité de ses trains. Surtout, en utilisant mieux les lignes existantes, le train autonome économisera des investissements pharaoniques.

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