► Qui est la famille Aliev à la tête du pays ?

Dans la république caucasienne riche de ses hydrocarbures, le pouvoir est une affaire de famille depuis deux générations. Heydar Aliev, le premier patron du pays est un ancien chef du KGB local et membre du Politburo soviétique qui a dirigé la république soviétique durant les années 1970. Revenu aux commandes après l’indépendance en 1991 à la faveur de la guerre perdue contre l’Arménie, il a peu à peu installé un régime autoritaire malgré une constitution d’apparence démocratique, jusqu’à son décès en 2003.

Son fils Ilham Aliev a pris sa succession au cours d’une présidentielle « truquée », selon l’opposition, renforçant ses prérogatives par des changements de constitution qui ont mis fin à la limitation des mandats et allongé celui du président. Ses adversaires l’accusent dorénavant de préparer la succession de son fils, Heydar 19 ans. La nomination de la femme du chef de l’État, Mehriban Alieva, au poste de vice-président, une nouvelle fonction créée en 2016, a étayé les accusations de népotisme.

Si la dynastie Aliev est créditée d’avoir assuré la stabilité et l’essor économique du pays grâce à la rente du gaz et du pétrole, elle mène une répression féroce contre les voix contestataires qui lui reprochent notamment de confondre argent public et argent privé, à la manière des émirats pétroliers. Des soupçons de corruption et de violation des droits de l’homme démentis par le clan Aliev qui entretient par ailleurs d’excellentes relations avec les Occidentaux.

► Pourquoi le président Ilam Aliev est-il assuré de sa réélection ?

Personne n’imagine le président perdre cette élection présidentielle anticipée. Les sondages officiels lui donnent 83,5 % des suffrages, soit à peu près le même score que celui obtenu en 2013, date du précédent scrutin. Boycottés par les médias officiels, – le régime a pris le contrôle des radios, des sites Internet et des chaînes d’informations indépendants – largement décimés par les pressions et les arrestations dans un pays qui compte environ 160 prisonniers politiques, les partis d’opposition ont préféré jeter l’éponge plutôt que de légitimer le vote par leur participation.

Au-delà du résultat, les observateurs s’interrogent sur les motivations qui ont conduit le président à procéder à des élections anticipées. Certains évoquent la frustration d’anciens membres du premier cercle du temps d’Heydar Aliev qui ont été écartés du pouvoir par le fils et se préparaient à mobiliser leurs réseaux en vue du scrutin qui devait se tenir initialement en octobre 2018.

D’autres notent les difficultés économiques de l’émirat pétrolier plombé par la baisse des cours depuis 2014. Le produit intérieur brut du pays a chuté de 3,1 % en 2016 et de 1,1 % en 2017, période marquée par une inflation importante. La timide reprise attendue en 2018 ne devrait pas compenser les pertes subies par la population qui n’entrevoit guère de perspectives de changements.