Ce mur végétal blindé résiste aux kalachnikovs
Pour promouvoir son mur blindé, végétalisé et résistant aux tirs des kalachnikovs, la start-up Green Sentinel s’appuie sur un ambassadeur de poids : Daniel Cerdan, chef d’escadron de la gendarmerie nationale. Ce dernier a présenté l’innovation le 10 avril devant un public de professionnels de la sécurité des établissements recevant du public, invités au palais des Congrès de Paris par les Jardins de Gally.
Laurent Miguet
« Depuis le 14 juillet 2017, on a peu agi. J’ai pensé qu’il fallait essayer ». Pionnier du mur végétal depuis sa collaboration avec Patrick Blanc sur la façade du musée du quai Branly, Pascal Peleszezak reprend du service : de part et d’autre d’un blindage central tenu par un échafaudage en béton, les bacs alu perforés portent le substrat et les végétaux. L’entreprise bretonne Celtys assurera l’industrialisation de l’innovation brevetée.
Nature citoyenne
De ce jeu de construction garanti jusqu’à une hauteur d’1,80 m, le passant ne voit rien d’autre qu’un mur de plantes. Mais les tirs de kalachinikov à 10 m de distance attestent de la résistance balistique des blindages fournis par Mit SAS. Réalisés à Saint-Etienne, sous le contrôle d’un organisme d’Etat, les essais ont également démontré l’efficacité du mur dans la protection contre les projections. Sur le plan horticole, la continuité verticale du substrat constitue la principale qualité de l’innovation, selon le créateur lyonnais de Green Sentinel, qui a domicilié son entreprise à Fribourg (Suisse). Pascal Peleszezak trouve dans l’aventure du mur végétal blindé le moyen de prolonger sa vocation : « Amener la nature au plus près du citoyen ».
Les hasards de l’amitié amènent sur les fonts baptismaux de l’invention un ambassadeur improbable, dans le milieu des espaces verts : Daniel Cerdan, auteur d’ « Assaut » et de « Dans les coulisses du GIGN ». Fort de 40 ans de carrière dans la gendarmerie nationale, il a notamment contribué à la sécurité du ministère de la Défense et de l’Elysée.
Sécurité non anxiogène
Habitué à choisir sa place au restaurant en fonction des risques d’impact des explosifs ou des tirs, l’homme surveille l’espace public à la recherche des EEI : ces engins explosifs improvisés, souvent bourrés de clous et de boulons pour multiplier les blessures graves, peuvent prendre la forme d’un pot de fleurs ou d’un sac des sports, de Paris à Boston. « Nous avons le devoir de limiter les dégâts collatéraux, si possible avec des équipements non anxiogènes », expose le chef d’escadron.
L’un des secrets de la prévention réside dans la gestion des flux : « Eviter le regroupement du public mitraillable », insiste Daniel Cerdan. Outre sa résistance aux chocs et sa fonction de barrière contre les voitures béliers, le mur végétalisé balistique de Green Sentinel facilite la canalisation des foules. Le gendarme y voit un moyen de limiter les accidents de vélo à Paris. Sur le site expérimental du collège Raoul Dufy de Lyon, le créateur de la start-up se concentre sur une autre fonction complémentaire : la pédagogie du jardinage. Les élèves récolteront leurs premiers légumes en juin.
Proximité
Autre site test, l’hôtel Hyatt Regency de Paris a remplacé les anciens bacs gravillonnés par les murs : « Moins de béton et plus de vert, cela correspond au nouvel esprit de l’accueil de l’établissement », souligne Pierre Darmet, responsable marketing et innovation des Jardins de Gally. Les établissements recevant du public se situent au cœur de la stratégie commerciale de ce groupe spécialisé dans la création et l’entretien d’espaces verts intérieurs et extérieurs. « Mais avant l’entreprise, j’ai surtout choisi les personnes », affirme Pascal Peleszezak, heureux d’inscrire le développement de son innovation dans une économie de proximité : les Jardins de Gally entretiendront les murs végétaux balistiques à partir de leurs implantations locales.
A l’union de l’inventeur, du gendarme et du jardinier, s’ajoutent les annonces de l’union européenne : « Le fonds européen de développement régional a dégagé fin 2017 une ligne budgétaire de 100 millions d’euros pour les innovations dans le domaine de la sécurité urbaine », rappelle Pierre Darmet.
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