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L'Allemagne ne participera pas à des frappes en Syrie

Paula Kersten
12 avril 2018

Angela Merkel refuse toute intervention militaire mais elle condamne l'emploi d'armes chimiques en Syrie.

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Türkei syrische Flüchtlinge laden Merkel ein
Image : picture-alliance/AA/K. Kocalar

Alors qu'on entend surtout les voix des États-Unis et de la Russie dans le conflit syrien, d'autres restent plus calmes dans la discussion autour des réactions possibles à l'attaque chimique présumée.

En Europe, seul le président Français Emmanuel Macron et le Royaume-Uni ont évoqué la possibilité d'une intervention militaire aux côtés des États-Unis. Les voix en provenance de l'Allemagne en revanche sont plus discrètes - ce qui ne plaît pas à tout le monde. 

Armes chimiques

Bachar al-Assad, qui mène une guerre contre la population dans son pays, a utilisé des armes chimiques dans le passé et est soupçonné de les avoir utilisées de nouveau il y a quelques jours seulement, alors qu'il a donné son accord devant la communauté internationale pour les détruire.

Toute diplomatie semble échouer dans les tentatives de la communauté internationale pour résoudre le conflit syrien. La possibilité d'une attaque militaire plane désormais au-dessus de toute prise de parole des parties impliquées. Voici un résumé des groupes armés en présence le 11 avril 2018 sur le terrain :

Karte Syrien kontrollierte Gebiete 11. April 2018 ENG

Le "nein" d'Angela Merkel

 Aujourd'hui encore, la chancelière Angela Merkel a dit clairement que l'Allemagne ne participera pas a une offensive militaire contre la Syrie. Cependant, certains souhaitent un positionnement plus fort de l'Allemagne - et de l'Europe, comme le politicien Norbert Röttgen du parti conservateur, la CDU.

Il est président du Comité des Affaires étrangères du parlement allemand. Interrogé par la radio Deutschlandfunk, celui-ci donne son avis sur le rôle que l'Europe et l'Allemagne devraient jouer dans une stratégie internationale pour la Syrie.

"Il est presque honteux de le dire - il n'y a aucun engagement des Européens, alors que nous sommes les plus proches géographiquement. L'Allemagne fait partie de l'Europe. Depuis l'arrivée des migrants on devrait être conscients que notre propre sécurité dépend aussi des conflits au Moyen et au Proche-Orient. C'est pour cela que les Européens devraient commencer à s'occuper de leurs propres intérêts, avec un engagement renforcé et plus systématique au Moyen-Orient. Je trouve que c'est aussi la responsabilité de l'Allemagne d'être intransigeante pour faire avancer une stratégie occidentale en Syrie et faire en sorte qu'elle ne soit pas abandonnée."

Ici, les déclarations du porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, qui condamne le recours aux armes chimiques :

Oui mais voilà, l'Union européenne ne possède pas de compétence réelle en matière de défense où ce sont les Etats membres qui sont á la manœuvre. Et parmi eux, surtout les deux seules puissances militaires du continent : La France et le Royaume-Uni.

Syrien Mutmaßlicher Giftgasangriff in Duma
Un enfant traité à l'hôpital de Douma, le 7 avril, après une présumée attaque chimiqueImage : Reuters/White Helmets

Prudence allemande

Quant à la stratégie allemande, elle est, pour des raisons historiques évidentes, caractérisée par sa prudence. Thomas Jäger, professeur en relations internationales et politique étrangère à l'Université de Cologne.

"Dans la politique étrangère allemande, il est toujours très important d'être en harmonie avec les autres Etats européen. Mais cette fois-ci, les mots utilisés sont en quelque sorte plus prudents que chez les autres, puisqu'on sait très bien que, depuis l'Allemagne, on ne peut rien faire du tout à part dénoncer les attaques chimiques.

C'est un fait qui est peu entré dans la conscience de la marge de manœuvre dont dispose la politique étrangère allemande. Ils sont entièrement dépendant des États-Unis pour réagir - tout ce qu'ils peuvent faire, ce sont des déclarations."

Berlin a toujours montré beaucoup d'hésitation quand il s'agit de se mêler à des conflits internationaux, surtout quand il s'agit de déployer des soldats de la Bundeswehr sur des scènes de conflits.

La condamnation des armes chimiques et leur utilisation - avec des sanctions à la clef - est pour l'instant la seule prise de position allemande.

Quant à la France et au Royaume-Uni, il n'est pas encore assuré que ces deux pays soient prêts à s'associer à une aventure conduite par le président américain Donald Trump.

Par ailleurs, des experts de l'OIAC doivent arriver dès aujourd'hui en Syrie. Ils commenceront dès samedi à travailler sur l'attaque présumée à l'arme chimique sur des rebelles dans la ville de Douma, en Ghouta orientale, le week-end dernier. 
Les autorités syriennes ont déjà prévenu qu'elles tiendraient "l'Occident" pour responsable de toute entrave faite sur le terrain à l'OIAC.