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Politique

Wauquiez au JDD : "Le macronisme est un illusionnisme"

À quelques heures de l'interview d'Emmanuel Macron sur BFM TV, RMC et Mediapart, le président de LR étrille un chef de l'État qui "s'adresse uniquement à ceux qui n'ont pas de problèmes"

Christine OllivierDavid Revault d’Allonnes , Mis à jour le
Le président des Républicains, Laurent Wauquiez.
Le président des Républicains, Laurent Wauquiez. © Eric Dessons/JDD

"Ce qui me frappe, c’est qu’Emmanuel Macron ne ressent pas le pays et ne comprend pas la France" : l'attaque de Laurent Wauquiez est directe. Dans le Journal du Dimanche, le président des Républicains dresse la liste de ses critiques envers le Président : "Il ne comprend pas le ras-le-bol des classes moyennes : il augmente les impôts de 4,5 milliards d’euros cette année, il n’a pas un mot sur leur appauvrissement. Il ne sait pas non plus ce que c’est d’être un retraité en France avec 1.200 euros. Le candidat de la feuille de paie est en train de devenir le président de la feuille d’impôt!" Et de compléter : "Emmanuel Macron s’adresse uniquement à ceux qui n’ont pas de problèmes, il n’a pas compris qu’il fallait réunir les deux France."

 

Comment jugez-vous la prestation d'Emmanuel Macron jeudi sur TF1?
Ce qui me frappe, c'est qu'Emmanuel Macron ne ressent pas le pays et ne comprend pas la France. Il ne comprend pas le ras-le-bol des classes moyennes : il augmente les impôts de 4,5 milliards d'euros cette année, il n'a pas un mot sur leur appauvrissement. Il ne sait pas non plus ce que c'est d'être un retraité en France avec 1.200 euros. Il s'était engagé à ce que seuls les retraités les plus aisés paieraient la hausse de la CSG : c'est faux. Il a menti. Et il ne comprend pas plus les millions de Français obligés de prendre leur voiture pour aller travailler, parce que tout le monde n'a pas le métro. L'augmentation de la fiscalité sur l'essence et des prix des contrôles techniques ainsi que les 80 kilomètres par heure généralisés le montrent : il est déconnecté de la vie quotidienne de nos compatriotes. Le candidat de la feuille de paie est en train de devenir le président de la feuille d'impôt !

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Il a donc tout faux?
Mon opposition est très déterminée, mais en aucun cas sectaire. Ainsi, je soutiens la réforme de la SNCF, qui, même si elle est incomplète, va dans la bonne direction. Si j'étais parlementaire, je la voterais.

Lire aussi : Laurent Wauquiez au JDD, "Je ne crois pas à l'utilité des frappes punitives"

L'État doit-il reprendre la dette de la SNCF?
Cela reviendrait à dire que ce sont encore les Français qui vont payer. Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres, le macronisme est un ­illusionnisme. Quel est le projet de redressement de la SNCF? Quelle vision pour les petites lignes ou les investissements stratégiques ? Je soutiens la réforme du statut des cheminots, mais il n'y a aucun projet en face pour l'entreprise. On ne peut pas dire aux Français : "Rien ne va changer à la SNCF, mais vous allez payer la dette." Avec Macron, les mots peuvent être séduisants, mais dès qu'on gratte le vernis, les doutes assaillent. Ainsi, il n'y a pas d'économies sur les dépenses publiques.

 

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Avec Macron, les mots peuvent être séduisants, mais dès qu'on gratte le vernis, les doutes assaillent

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Macron a démenti être le "président des riches", les riches n'ayant "pas besoin" d'un président…
Voilà une grande phrase… qui ne veut rien dire ! Regardons les faits : 42 % des allégements d'impôts sont concentrés sur les 5 % les plus riches. Je n'ai pas de problème à ce qu'on supprime l'ISF, mais ce qui me gêne, c'est qu'on ne fait rien pour l'impôt sur le revenu. Les catégories les plus frappées par les hausses d'impôts, ce sont les classes moyennes. Je sens se creuser dans notre pays un gouffre entre une France connectée à la mondialisation, qui réussit, et une autre France qui a le sentiment d'être abandonnée et laissée à quai. Emmanuel Macron s'adresse uniquement à ceux qui n'ont pas de problèmes, il n'a pas compris qu'il fallait réunir les deux France.

Lire aussi : SNCF, CSG, immigration, terrorisme... Laurent Wauquiez charge Emmanuel Macron

Vous dénoncez la "haine de la province" de Macron. Selon lui, les dotations des petites communes n'ont pas baissé…
Ma différence avec Emmanuel ­Macron, c'est que je ne suis pas passé de l'Élysée à Bercy puis de Bercy à l'Élysée. Moi, c'est Haute-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes. Oui, les dotations des collectivités ont encore baissé cette année. Oui, il y a plus de 1.000 fermetures de classes en zone rurale. Oui, 1.100 kilomètres de petites lignes ferroviaires sont menacés de fermeture. Oui, il s'apprête à réinjecter des milliards d'euros dans les banlieues alors qu'il n'y a aucune politique pour les campagnes. Ce n'est pas avec une gentille interview dans une classe rurale que vous répondez à ces problématiques.

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C'est facile de demander aux retraités de payer la CSG, mais où sont les efforts pour traiter les vrais problèmes?

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Sur la CSG, le Président a dit "merci" aux retraités. L'ont-ils compris?
Donner une leçon de macroéconomie à des retraités qui ont peur pour leur pouvoir d'achat et leur dire merci avec un sourire, c'est indécent. Il a tort de stigmatiser les retraités, qui ne sont pas des privilégiés et qui ont travaillé dur. Et où en est-on de la réforme des régimes spéciaux de retraite? Nulle part. C'est facile de demander aux retraités de payer la CSG, mais où sont les efforts pour traiter les vrais problèmes?

Face au terrorisme, Macron fait-il preuve de l'autorité nécessaire?
Il sous-estime gravement l'ampleur de la menace que représente l'intégrisme islamique. Il explique que c'est une extraordinaire performance d'avoir fermé trois mosquées, alors qu'on estime à plus d'une centaine les mosquées salafistes en France. On a expulsé 20 étrangers radicalisés alors qu'ils seraient plus de 3.000, selon le ministère de l'Intérieur! Il veut "réguler" les financements étrangers de mosquées quand il faudrait les interdire. Depuis trois ans, avec constance, nous mettons des propositions très concrètes sur la table : l'expulsion des fichés S étrangers ; l'interdiction du retour des djihadistes en France ; le placement en rétention administrative des individus radicalisés les plus dangereux ; la création d'un délit d'incitation à la haine contre la France.

Des arguments de droit s'opposent à ces mesures, notamment la nécessité d'une décision de justice…
Ce n'est pas à la lutte terroriste de s'adapter au droit, mais au droit de s'adapter à la lutte contre le terrorisme. Aujourd'hui, nous faisons comme si nous n'étions pas en guerre, alors que nos ennemis, eux, nous font la guerre. Mais Emmanuel Macron persiste dans l'aveuglement. Il n'est pas à la hauteur du défi.

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Alors que nous n'avons jamais ­accueilli autant d'immigrés, 262.000 en 2017, il n'y a aucune volonté ­sérieuse d'en diminuer le nombre

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Quelle est votre position sur la loi asile immigration, en débat à l'Assemblée?
Alors que nous n'avons jamais ­accueilli autant d'immigrés, 262.000 en 2017, il n'y a aucune volonté ­sérieuse d'en diminuer le nombre. La France est soumise à une pression communautariste comme jamais. Et que fait le gouvernement? Il propose d'étendre encore le regroupement familial : des mineurs pourront faire venir non seulement leurs parents, mais aussi les frères et sœurs. C'est totalement déraisonnable.

Que pensez-vous de l'évacuation de Notre-Dame-des-Landes?
Notre-Dame-des-Landes, c'est le symbole de la capitulation de la République. Encore heureux qu'on évacue la zone : on a tout cédé aux zadistes ! On a abandonné le projet qu'ils combattaient. Et après seulement trois jours, la préfète annonce qu'on arrête les évacuations! Ce n'est pas sérieux. Je le dis à nos compatriotes : ne vous laissez pas abuser par de belles paroles, regardez les faits. Eux ne mentent pas.

Avec un président qui ne cesse de tirer des bords entre droite et gauche, n'est-il pas difficile de vous opposer, notamment sur l'économie?
Soyons clairs : on n'est pas de droite quand on augmente les impôts, quand on ne baisse pas le nombre de fonctionnaires, quand on baisse la garde sur le régalien, et quand on accueille autant d'étrangers dans le pays. Oui, la droite est sortie en ruine de l'élection présidentielle. Mais je veux rebâtir une droite avec une colonne vertébrale. Moi, je ne fais pas dans le : "en même temps". Je ne cherche pas à plaire à tout le monde comme le Président. Je ne crois pas que l'ambiguïté permanente soit notre horizon. Je veux dire tout haut ce que les Français pensent tout bas.

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On a besoin d'un État stratège, pas d'un président qui vend le pays aux enchères.

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La droite peut-elle décemment s'opposer à la privatisation de la Française des jeux ou d'ADP ?
Tout ce qui permet de renforcer l'initiative privée, nous le soutenons. Mais là, j'ai le sentiment que l'on brade, à la hâte, parce qu'on n'est pas capable de faire le ménage dans la dépense publique. On a besoin d'un État stratège, pas d'un président qui vend le pays aux enchères.

Et la réforme constitutionnelle?
Il s'agit en réalité de payer le soutien apporté pendant la présidentielle à Emmanuel Macron par François Bayrou, en lui donnant la proportionnelle. Ni plus ni moins. Si on fait une réforme constitutionnelle, je ­demande qu'on fasse bouger les lignes sur deux sujets qui concernent vraiment les Français : la lutte contre le terrorisme et l'inscription du service minimum dans la Constitution pour ne pas subir ce blocage du pays par les syndicalistes.

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Quand on veut tout faire en même temps, le danger, c'est de tromper tout le monde.

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Faut-il "réparer" le lien qui serait "abîmé" entre l'Église et l'État, à en croire le chef de l'État?
Qu'on s'adresse aux catholiques dans notre pays, tant mieux. Mais j'ai un sentiment étrange de duplicité : je mets en garde contre de belles paroles… avec un risque de réveil brutal. La réalité, c'est qu'il s'apprête à mettre en place la PMA, à l'opposé des valeurs défendues par nombre de catholiques. Je n'aime pas ces numéros d'équilibriste. Quand on veut tout faire en même temps, le danger, c'est de tromper tout le monde.

Quand Macron s'adresse aux catholiques ou aux retraités, ne chasse-t-il pas sur vos terres?
Vous me demandez si son obsession c'est d'asphyxier la droite et s'il pratique une politique de marketing pour séduire telle ou telle catégorie d'électeurs ? Il m'arrive parfois de le penser… Mais les Français ­décryptent mieux que personne les stratégies politiciennes. Sur la durée, c'est toujours la vérité qui l'emporte.

Macron a dit qu'il ne vous trouvait pas "inspirant". Il vous inspire, lui ?
Je pense surtout qu'il inspire de moins en moins les Français.

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Je ne crois pas à l'utilité de frappes punitives

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Soutenez-vous les frappes en Syrie ?
Je soutiens par principe notre armée quand elle combat. Si l'usage d'armes chimiques est avéré, Bachar El-­Assad devra répondre de ses actes. La CPI existe précisément pour cela. Mais je ne crois pas à l'utilité de frappes punitives. Frapper pour frapper, pour donner le sentiment de faire quelque chose, sans qu'il y ait une quelconque stratégie derrière, je n'en comprends ni l'utilité ni le sens. La priorité du Président à l'international doit être de lutter contre les islamistes. Notre priorité absolue, c'est d'empêcher Daech de pouvoir contrôler un pays.

Thierry Mariani appelle à l'union des droites dans un texte cosigné avec des élus FN. L'exclurez-vous de LR ?
J'ai toujours été sans ambiguïté : pas d'alliance avec le FN. C'est la ligne des Républicains. La position de Thierry Mariani est totalement isolée dans notre famille, et s'il ­devait passer aux actes, il ne ferait plus partie de notre mouvement.

Emmanuel Macron sera ce soir sur BFM TV. Quelle question aimeriez-vous lui poser ?
Il y a sur notre sol des étrangers fichés pour radicalisme. Il faut les expulser. Le droit le permet, rien ne s'y oppose. Pourquoi refuse-t-il de le faire alors que c'est le bon sens? 

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