LES PLUS LUS
Publicité
International

Frappes en Syrie : pourquoi la Russie ne contre-attaque pas

Vladimir Poutine a veillé à ne pas utiliser ses moyens militaires en Syrie pour contrer les raids occidentaux.

Emmanuel Grynszpan , Mis à jour le
Vladimir Poutine s'est pour l'instant contenté de réagir verbalement aux frappes occidentales en Syrie.
Vladimir Poutine s'est pour l'instant contenté de réagir verbalement aux frappes occidentales en Syrie. © Reuters

Moscou a passivement regardé les missiles occidentaux s'abattre sur la Syrie , après avoir pourtant promis de contrer toute agression "occidentale" contre son allié Bachar ­el-Assad . Les experts sont partagés sur l'explication derrière ce renoncement. "Moscou estime que l'attaque n'était pas digne d'une réponse russe, encore moins de représailles, décrypte Vladimir Frolov, expert en relations internationales. Il y a eu un arrangement avec les Etats-Unis selon lequel la présence russe ne serait pas ciblée et qu'il n'y aurait pas de séries d'attaques successives visant à démolir le régime syrien et son armée. Poutine s'est donc contenté d'une déclaration très dure. Mais cela n'ira pas plus loin."

Publicité
La suite après cette publicité

Lire aussi : Syrie : dans les coulisses de l'intervention française

Les capacités russes ne permettaient de toute façon pas de faire face aux salves de missiles occidentaux, estime Vladimir ­Frolov : le système antimissiles S-400 déployé par la Russie "ne peut pas engager de cibles volant très bas à plus de 15 kilomètres". Un expert militaire qui veut rester anonyme n'est pas de cet avis : "Le S-400 est conçu pour traiter tous types de cibles ­aériennes de 1 mètre à 400 kilomètres. Il semble assez clair que les Russes l'ont laissé gentiment dormir, leurs installations n'étant pas menacées. Par contre, je ne serais pas étonné que les radars des S-400 aient été employés pour guider les systèmes antiaériens syriens." Relayant Damas, le ministère de la Défense russe affirme que l'armée syrienne a abattu 71 des 103 missiles occidentaux. Ce que démentent Washington, Londres et Paris.

"

En Syrie, la Russie ne protège pas Assad mais se protège elle-même

"

Sergueï Markov, un politologue proche du Kremlin, offre une autre explication sur la passivité de Moscou : "En Syrie, la Russie ne protège pas Assad mais se protège elle-même. Notre objectif est d'arrêter la marche des Etats-Unis et de l'Union européenne visant à remplacer tous les leaders et les régimes politiques qui ne leur plaisent pas. Notre objectif est aussi d'offrir à l'armée russe de quoi démontrer sa puissance." Ce qui s'est illustré de façon spectaculaire lors de l'intervention russe en Syrie en 2015.

Poutine dément tout usage d'armes chimiques

La réaction de Poutine signale malgré tout une escalade verbale dans l'antagonisme avec les Occidentaux. Le président russe condamne "une violation du droit international" et un "acte d'agression contre un état souverain engagé dans la lutte contre le terrorisme". Il dément tout usage d'armes chimiques à Douma, accusant les alliés d'avoir "méprisé de manière cynique" le travail des inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Néanmoins, Vladimir Frolov estime que Vladimir Poutine "veut renouer les liens au moins avec Macron, tout comme avec Trump". Selon lui, "le Kremlin conserve l'espoir qu'un bon sommet entre les deux présidents pour rétablir la situation avec les Etats-Unis".

La suite après cette publicité

Le traitement par les médias russes reste extrêmement hostile envers l'Occident. Sur les chaînes de télévision, la grille été bouleversée samedi pour faire place à une couverture spéciale exclusivement consacrée à la Syrie, dans une narration reprenant point par point les arguments du président russe. 

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Emmanuel Macron dans le Vercors le 16 avril 2024.
International

80e anniversaire du débarquement en Normandie : fallait-il inviter la Russie ?

ENTRETIEN. L’Élysée a décidé d’inviter la Russie à la cérémonie du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie. Cette décision représente un défi diplomatique mais souligne l’engagement de la France à ne pas réécrire l’histoire explique Bruno Tertrais* de la Fondation pour la recherche stratégique.

Mikhaïl Fridman.
International

Russie : sanctions partiellement levées pour deux oligarques

Le Tribunal de l'Union européenne a annulé mercredi l'inscription de Mikhaïl Fridman et Piotr Aven sur la liste des personnalités sanctionnées après l'invasion de l'Ukraine par la Russie pour la période 2022-2023. Cette décision contrarie la volonté des 27 de se servir des avoirs russes gelés pour soutenir financièrement Kiev.

Publicité