Corrèze : ce robot bébé phoque aide les malades d’Alzheimer

Baptisé Paro et bourré d’électronique, ce petit robot est utilisé dans les Ehpad pour accompagner les résidents. A Cornil, en Corrèze, il leur a changé la vie.

 Cornil (Corrèze). Paro, bébé phoque en peluche bourré de capteurs, réagit à la personne qui le prend dans ses bras.
Cornil (Corrèze). Paro, bébé phoque en peluche bourré de capteurs, réagit à la personne qui le prend dans ses bras. PHOTOPQR/La Montagne

    Quand ils l'aperçoivent, leur visage crispé par la maladie s'illumine. Dans le regard des malades d'Alzheimer se lit cette envie folle de prendre Paro dans les bras.

    Paro, c'est ce bébé phoque bourré d'électronique qui, depuis novembre, accompagne les résidents de l'Ehpad de Cornil, en Corrèze. Un « outil » destiné à rendre la vie meilleure aux douze personnes de l'unité atteintes par cette maladie neurodégénérative.

    En France, selon la société Inno3med qui le distribue, plus d'une centaine d'établissements utilisent ce robot thérapeutique créé en 1993 au Japon.

    Mesurant 57 cm pour 2,5 kilos, l'animal en peluche a des effets étonnants sur les résidents. « Au départ, j'avais des doutes, reconnaît Laetitia Estrade, animatrice à Cornil. Mais je suis bluffée. Il apaise les gens, recrée des liens entre les résidents. Avec ses 12 capteurs, il détecte si l'on est stressé, en colère ou calme et réagit en fonction. » A peine passée la porte de son bureau avec Paro dans les bras qu'un malade l'interpelle. « Ah le voilà le petit ! »

    Un phoque pour éviter les réactions imprévues

    Laëtitia nous conduit dans la chambre d'André, 93 ans. Installé sur son fauteuil, le vieil homme écarquille les yeux en voyant la peluche, l'enlace, lui claque des bises et lui parle comme à un enfant.

    « Celui-là, je l'ai toujours trouvé gentil ! Au revoir Mimi », lance André au moment où on lui enlève la peluche des bras. « Les concepteurs ont choisi un phoque plutôt qu'un animal de compagnie pour éviter des réactions imprévues. Nous ne connaissons pas le passé des malades d'Alzheimer. Ils ont pu être mordus par des chiens ou griffés par des chats. Le phoque symbolise une certaine douceur et ils n'ont pas d'appréhension. »

    La peluche portée comme un bébé

    Souvent renfermée, ne discutant avec personne, réfractaire aux soins de toilettes, Denise a comme été transformée depuis l'arrivée de Paro. Dans le couloir de l'Ehpad où on la croise, cette dame de 89 ans saisit la peluche et la porte comme on berce un bébé. Puis elle lui pose la tête contre son épaule en la câlinant avant de s'asseoir. Ses yeux s'éclairent, sa parole se libère, incessante, décousue mais enthousiaste. « Mon petit coquin, ma fifille », susurre-t-elle à Paro tout en assemblant dans un flux de mots continus différents épisodes de sa vie passée.

    Le robot en peluche dont l'autonomie se limite à 6 heures présente des signes de faiblesse et il est temps de le reprendre à Denise pour le charger. Le personnel parlemente de longues minutes avant d'arriver à ses fins. Denise pose un bisou sur le bébé phoque, leur confie avant de replonger dans ses pensées, dans un monde déconnecté de notre réalité. Mais apaisé.