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La pollution en France vient-elle d'Allemagne ?

La thèse est de plus en plus évoquée : l'industrie d'Europe de l'Est serait responsable de la pollution française aux particules fines. En réalité, elle reste minoritaire par rapport à l'effet de la circulation.

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Publié le 18 mars 2014 à 11h14, modifié le 20 mars 2014 à 09h19

Temps de Lecture 2 min.

Le nuage de pollution à Paris, jeudi 13 mars 2014.

C'est une petite musique qui commence à se faire entendre çà et là : l'épisode de pollution aux particules fines que connaît la France ne devrait pas grand-chose aux automobilistes hexagonaux, mais serait avant tout dû à... l'Allemagne. Un article des Echos, mais aussi du Figaro, pose la question. Avec, souvent, une idée en tête : le retour de Berlin aux centrales à charbon du fait de son abandon du nucléaire, ainsi qu'un léger vent de nord-est, pourrait expliquer une présence plus forte de particules fines.

Vrai ou faux ? En réalité, les choses sont plus complexes : la pollution fait fi des frontières nationales, et les particules fines ne sont pas arrêtées par le Rhin. Il est donc possible que les vents aient amené un certain nombre de particules depuis l'Europe de l'Est, plus riche en industries polluantes émettrices de ces particules. Mais dans quelle mesure précisément ? 

UNE POLLUTION QUI PROVIENT AVANT TOUT DU LOCAL

En 2011, Airparif s'est penché sur l'origine des particules fines que l'on respire en Ile-de-France. Les experts ont analysé les PM2,5, les plus dangereuses car leur petite taille (2,5 micromètres de diamètre) leur permet de pénétrer plus profondément dans les voies respiratoires.

Résultat : dans les stations proches du trafic routier – le boulevard périphérique mais aussi tous les axes majeurs de circulation –, une majorité des particules proviennent bien des émissions locales (44 %) ou du reste de l'agglomération (17 %). A l'inverse, 39 % des particules sont importées d'autres régions et pays étrangers.

« Il est très difficile de dire d'où viennent précisément ces particules importées. En cas de vent du nord-est, elles proviennent d'Allemagne, mais aussi de la Belgique et des Pays-Bas, deux pays avec des fortes émissions, explique Matthias Beekmann, directeur de recherches au Laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques (CNRS/université Paris-Est Créteil/université Paris-Diderot). Sur l'ensemble de l'année, on envoie davantage de particules fines en Allemagne qu'on n'en reçoit de là-bas. »

Concentration en particules PM10 (en microgrammes par m3 d'air) sur l'Europe, le 14 mars 2013, jour de forte pollution en France.

« Les importations de particules fines de l'étranger sont très variables selon les vents. En Ile-de-France, nous avons deux jours sur trois des vents de nord-ouest. Les vents qui viennent de l'est sont plus rares. L'essentiel de l'épisode de pollution que nous avons connu ne venait pas de l'Allemagne mais du trafic routier », confirme Jean-Félix Bernard, président d'Airparif, l'agence de surveillance de la qualité de l'air dans la région.

Ainsi, 48 % des particules, produites localement ou provenant de l'ensemble de l'agglomération, proviennent des transports (voitures individuelles, véhicules utilitaires et poids lourds), loin devant, donc, le chauffage des habitations et l'industrie. Surtout, 70 % de ces véhicules polluants roulent au diesel.

Or, 35 % des Franciliens résident à moins de 200 mètres d'un axe routier important, sur lequel transitent 15 000 véhicules par jour. Et, s'ils subissent la pollution des particules fines, c'est avant tout du fait de ce trafic automobile, pas de l'industrie du charbon allemand. Même si l'activité industrielle à l'échelle du continent tout entier joue un rôle dans la pollution.

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