Innovation. Des étudiants inventent un stylo écolo

Par Emmanuelle Gourvès

De l'encre au bouchon, tout est fabriqué à partir de déchets agro-forestiers et d'encre végétale : voici le stylo écolo créé par la Colombienne Mery Palmezzano. Etudiante à Lorient, elle a lancé son projet d'entreprise Tintagua avec trois autres jeunes. Primé lors des Entrepreneuriales 2018 en mars dernier, ce concept pourrait bien être commercialisé en France.

Innovation. Des étudiants inventent un stylo écolo
(Joyau, Mery et Appoline)

L'entrepreneuriat étudiant connaît un vrai succès en France. En 2017-2018, ils sont 3.576 jeunes bénéficiant du statut national d'étudiant-entrepreneur (SNEE) à porter un projet d'entreprise, pendant ou en fin d'études. On peut citer L'écomer, une activité de dépollution d'eau de mer ; Imagina, une application de lieux connectés en temps réel ; Terang'algue, un projet de valorisation des algues au Sénégal ; Puzzle Lab, un éclairage musical connecté... Un engouement qui touche le campus de Lorient, à l'image du projet Tintagua, porté par la Colombienne Mery Palmezzano et primé dans le cadre des Entrepreneuriales 2018, fin mars.

De Chocó à Lorient

Son credo ? « Un outil d'écriture écologique, de l'encre au bouchon, fabriqué à partir de déchets agro-forestiers et d'encre végétale », résume la jeune femme de 22 ans, qui a débarqué à Lorient le 5 juillet dernier, suite à l'obtention d'une bourse. C'est son université, en Colombie, qui lui a choisi le campus de Lorient comme point de chute. Comme trois de ses compatriotes et deux autres, aiguillés vers Saint-Nazaire. Mery, elle, est inscrite en troisième année de sciences appliquées, écologie et société. Elle se plaît à Lorient : « J'aime les petites villes. C'est tranquille. Ce n'est pas comme en Colombie, où ce n'est pas très sûr... ». Dans son cursus, plutôt que le projet tutoré, Mery a opté pour le programme Les Entrepreneuriales, qui s'étale sur cinq mois. « J'hésitais au départ mais j'ai finalement soumis mon projet, poussée par une amie », se souvient-elle.

J'ai imaginé un crayon fait à partir de déchets issus de scieries de ma ville d'origine

Une idée qu'elle a développée, seule, à Chocó, sur sa côte pacifique. « Dans le cadre de ma troisième année en entrepreneuriat et innovation, je devais créer un produit respectueux de l'environnement ». Assise à son bureau, elle a cogité... Avant de jeter son dévolu sur le crayon qu'elle tenait à la main. « On est à l'ère du digital mais on a toujours besoin d'un stylo ! J'ai donc imaginé un crayon fait à partir de déchets issus de scieries de ma ville d'origine, Quibdó, qui ne sont pas valorisés et qui sont même jetés dans les rivières ! J'ai confectionné moi-même un prototype avec de la sciure et de la colle. Je l'ai roulé à la main », mime-t-elle.

Bioplastique et encre de jagua

« L'idée a beaucoup évolué depuis, grâce aux conseils de notre coach, Laura Kerhoas, de l'association Initiatives Pays de Lorient, et de notre parrain, Yann Dollo, le directeur général adjoint de CDK Technologies », confie Mery, épaulée dans son projet de création d'entreprise par deux autres étudiants, Appoline Dambrine, 20 ans, et Joyau Mohammed Sidick Babio, 21 ans. Après « un démarrage difficile, avec beaucoup d'inconnues et de contraintes », le trio a réussi à créer un outil d'écriture simple et innovant, avec « un corps en bioplastique, biosourcé et biodégradable, et une encre végétale issue du fruit de la jagua, une plante qui pousse dans les forêts tropicales humides d'Amérique du Sud », précise-t-elle. La SAS Tintagua est née. Un nom issu de la contraction des mots tinta (encre en espagnol) et jagua.

C'est devenu mon projet professionnel

Et à chacun son rôle : la dirigeante Mery à la recherche environnementale, Joyau à la production technique, Appoline au marketing et un ami colombien au design. Un prototype a été imprimé en 3D au plateau ComposiTIC, à Ploemeur (Morbihan). Reste désormais à « trouver 215.000 € pour lancer la R&D (recherche et développement) puis la production ». Prix estimé de ce stylo écologique et ergonomique : 17,99 €. « Ce projet m'a apporté de la confiance, de l'espoir. C'est devenu mon projet professionnel. En fin d'année, je dois impérativement rentrer en Colombie, pour travailler pendant un an à la fac ou en entreprise, mais je vais poursuivre mon projet là-bas avant de le commercialiser en France car mon pays n'a pas le marché. Il n'y a pas cette conscience d'achat responsable », déplore Mery qui envisage « de revenir faire mon master en France, en 2020 ». C'est noté !

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