Comme prévu, le coût des six parcs éoliens offshore (au large du Tréport, de Fécamp, de ­Courseulles-sur-mer, de Saint-Brieuc, de Saint-Nazaire et de Noirmoutier) va être revu à la baisse. Une réunion interministérielle s’est tenue jeudi et le verdict est sans appel : il faut renégocier au plus vite les tarifs de rachat de l’électricité, pour aboutir à un nouveau prix d’ici à l’été, qui pourrait au maximum être divisé par deux.

En France, l’État a accepté de racheter cette électricité à un tarif moyen situé autour de 190 € le mégawattheure (MWh), alors que les derniers appels d’offres pour des parcs au large des côtes britanniques ou néerlandaises ont été remportés à des prix compris entre 50 et 80 € le MWh.

Possibilité de renégocier les appels d’offres

Les discussions se feront projet par projet avec les trois opérateurs concernés : EDF, Engie et un consortium dirigé par l’Espagnol Iberdrola. Ils ont été prévenus qu’en cas d’échec, les appels d’offres, déjà pas mal contestés sur place, pourraient être annulés.

Début mars, le ministère de l’Économie avait présenté un amendement au projet de loi sur « l’État au service d’une société de confiance », permettant de renégocier les appels d’offres de 2012 et 2014. Mais cette disposition avait été retoquée au Sénat. Cette fois, l’exécutif a décidé de s’y prendre autrement, en présentant un nouvel amendement une fois le réexamen des projets effectué. C’est Gérard Rameix, l’ancien président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui pilotera les discussions.

Si l’on en restait là, les 400 éoliennes en mer coûteraient 40,7 milliards d’euros sur vingt ans à la collectivité, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Ce montant, qui est réparti entre tous les abonnés à l’électricité (via la taxe CSPE), peut paraître assez élevé pour des machines d’une capacité totale de 2 900 mégawatts et ne fonctionnant que 40 % du temps.

Un débat houleux en perspective

Les opérateurs sont donc contraints de négocier, même s’ils contestent l’estimation de la CRE, accusée d’utiliser de mauvaises méthodes de calcul. Selon eux, la facture serait comprise entre 12 et 13 milliards d’euros et se justifie en grande partie par le coût de lancement d’une nouvelle filière industrielle en France. « Si l’on veut comparer avec les prix étrangers, il faut tout mettre sur la table, y compris les taxes supportées en France qui sont bien supérieures », peste un opérateur.

Parmi les points susceptibles d’être négociés, il y a la réduction des marges, l’allongement de la durée du contrat de rachat à 25 ans ou encore la prise en charge des coûts de raccordement par RTE, le gestionnaire du réseau, comme cela se fait ailleurs.

Les constructeurs suivent avec attention le sujet et craignent eux aussi d’avoir à faire des efforts, alors qu’ils sont déjà engagés dans les projets. General Electric a une usine à Saint-Nazaire et une autre va ouvrir à Cherbourg. De son côté Siemens-Gamesa doit construire un grand site au Havre.