L’apparition d’un nouveau type de fièvre typhoïde, « considérablement résistante » aux antibiotiques, menace le Pakistan. Le seul traitement par voie orale capable de traiter cette maladie potentiellement mortelle est l’azithromycine, très cher, dans un pays où le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Au moins 900 Pakistanais ont été contaminés par cette souche au cours des dix derniers mois. Leur nombre pourrait être en réalité beaucoup plus élevé, car beaucoup de patients n’ont pas les moyens de s’offrir des bilans sanguins, et dans les régions reculées, les laboratoires de microbiologie n’ont pas les équipements nécessaires ou le personnel formé pour établir le bon diagnostic.
« La fièvre typhoïde est l’une des nombreuses maladies qui développent une résistance aux antibiotiques au Pakistan, alors que notre médecine moderne dépend d’eux, s’inquiète Rumina Hasan, professeure au département de pathologie et de médecine de laboratoire à l’université Aga Khan de Karachi. Nous nous rapprochons d’une catastrophe en matière de santé publique. » Identifiée pour la première fois à Hyderabad à la fin 2016, dans le sud du Pakistan, la maladie s’est ensuite répandue au reste du pays. Un cas a également été recensé au Royaume-Uni.
Cette typhoïde « considérablement résistante » a été découverte par des chercheurs du Centre Sanger britannique et de l’université Aga Khan. Selon eux, la souche Salmonella typhi H58, responsable de la résistance aux antibiotiques, est apparue à cause d’une appropriation du matériel génétique d’une autre bactérie, celle-ci pouvant être l’Escherichia coli. « Ce transfert de matériel génétique peut se produire dans la flore intestinale ou, dans le cas du Pakistan, lorsque le réseau de distribution d’eau est contaminé par les eaux usées », explique Rumina Hasan. La fièvre typhoïde se transmet généralement par l’absorption d’eau ou d’aliments contaminés. Même après la disparition des symptômes comme la fièvre, la fatigue ou les nausées, les patients continuent à porter la bactérie responsable de la maladie et la transmettre par voie fécale.
Efficacité possible des vieux médicaments
La surprescription, la surconsommation de médicaments ou les mauvais diagnostics favorisent également la résistance aux antibiotiques. « Les diagnostics n’étant pas toujours fiables, les médecins ont tendance à prescrire trop de médicaments pour couvrir toute infection possible, et parfois les patients ne vont pas jusqu’au bout du traitement », témoigne Rumina Hasan. La résistance aux antibiotiques peut aussi se développer avec l’alimentation, lorsqu’ils sont utilisés de façon excessive dans les élevages d’animaux, ou avec la consommation d’eau contaminée par les rejets des industries pharmaceutiques. Au cours des trois dernières décennies, la fièvre typhoïde n’a cessé de développer une résistance à un nombre croissant d’antibiotiques. Un phénomène qui touche surtout les pays en développement.
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