Rail trip en Namibie, un voyage en cinémascope

Embarquement à bord du luxueux train « Shongololo Express » pour une croisière ferroviaire spectaculaire au cœur de l'Afrique australe.

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Ancien train de luxe remis en service, le « Shongololo Express » file à travers le bush, offrant une superbe découverte des paysages namibiens.

Ancien train de luxe remis en service, le « Shongololo Express » file à travers le bush, offrant une superbe découverte des paysages namibiens.

© Bertrand RIEGER/hemis.fr

Temps de lecture : 5 min

Est-ce un rêve, cette girafe sortie de nulle part et aperçue de la fenêtre du train ? Nous venons à peine de quitter Windhoek, capitale de la Namibie. La plupart des passagers du « Shongololo Express » en sont encore à s'extasier devant leur ravissante cabine en acajou. Et là, dehors, des bêtes sauvages, au pied des maisons. Le convoi longe l'une des réserves privées qui entourent la ville. Sur la plateforme du train, le paysage s'ouvre sur une large vallée verdoyante. Oublié déjà, Windhoek, son église luthérienne au charme désuet, ses rares immeubles dépassant 10 étages et ces femmes à chapeau à corne et robe victorienne, rencontrées dans un atelier de la périphérie – des Hereros, l'une des tribus décimées par les Allemands au début du XXe siècle. Windhoek est un décor en carton-pâte pour un pays échappé du giron de l'Afrique du Sud en 1990 seulement.

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À la gare – minuscule –, l'accueil a été grandiose : tapis rouge, haie d'honneur, chansons et champagne. Si les voyageurs n'étaient pas arrivés en jean et bob, on aurait pu se croire dans l'« Orient Express ». Mais le « Shongololo », vieux train de luxe remis en circulation par une compagnie sud-africaine, cultive une ambiance plus relaxe, même si le service est au top. Une bonne fée par wagon pour assurer le bien-être des passagers jusqu'au Cap, en Afrique du Sud. Notre vie ? Rythmée par les allers-retours entre le cocon douillet de nos cellules, le salon fumeur et le restaurant tout de boiseries sculptées et luminaires dorés. On en regrette presque que le smoking ne soit pas obligatoire.

Ligne droite

Arrêts dans des gares vides, posées nulle part. Là, on prend des bus. Créée au début de la colonisation pour transporter le minerai des mines du Nord, la voie ferrée traverse le pays quasiment en ligne droite, de haut en bas. Pour aller vers l'ouest, où se trouvent les principaux sites touristiques, la route est obligatoire.

Dans le nord du pays, le parc national d’Etosha permet d’approcher de très près la faune locale.

© Bertrand RIEGER/hemis.fr

Pour l'heure, cap au Nord, vers le parc d'Etosha. Plus d'une centaine d'espèces de mammifères, 340 espèces d'oiseaux répertoriées, sans parler des reptiles, grenouilles diverses, etc. Les guides touristiques assurent que les animaux viennent à vous, que c'est comme garanti avec le prix d'entrée dans le parc, qu'il suffit de garer sa voiture près d'un point d'eau et d'attendre. Sauf que des voitures, il y en a des dizaines, pleines de touristes armés de téléobjectifs, affamés de sensations fortes, qui crient et s'agitent. Alors ? On croise des troupeaux de girafes, d'impalas, de springboks graciles qui nous ignorent.

Mais les conducteurs se passent l'info d'une voiture à l'autre : « Un rhinocéros à quelques centaines de mètres ! » Demi-tour. En fait, c'est une lionne qui avance vers la voiture. Le cœur bat un peu, mais la peur est vaine. La bête traverse la route sans se presser, à 1 mètre de nous, le regard fixé sur la grande prairie où paissent des zèbres. On s'attend à un carnage. Déjà, un lion et trois lionnes sont en position de combat. Ils ont encerclé les zèbres. Une lionne se met à courir, les proies potentielles s'enfuient. Le fauve s'arrête : les zèbres recommencent à brouter. Le manège reprend deux ou trois fois. Mais la lionne se couche et bâille, ses comparses également, puis ils nous tournent le dos, sans un regard en arrière. Étonnement des touristes. Mais on a enfin trouvé le rhinocéros, la corne coupée pour décourager les braconniers. Lui aussi fonce d'abord sur la voiture, puis bifurque à quelques mètres pour traverser la route et voir ailleurs. Dommage qu'on n'ait pas le temps de faire une balade à pied dans le bush pour lever les oiseaux.

Le « paradis du bushman »

Déjà, il faut repartir vers le Damaraland et les formidables concrétions basaltiques du Spitzkoppe. Des kilomètres de terre aride défilent devant la fenêtre de la cabine, des maisons à toit de tôle, des silhouettes immobiles sur des pistes improbables. Le ciel est signé Turner, le spectacle est époustouflant de beauté.

Le sable rouge des dunes de Sossusvlei, merveille du désert du Namib.

© Bertrand RIEGER/hemis.fr

Surgissant des terres arides, les monts basaltiques du Spitzkoppe.

© Bertrand RIEGER/hemis.fr

Le doux roulis du train invite à la sieste. À l'arrivée, le « paradis du bushman », des peintures rupestres, hélas vandalisées. Le soleil tape sur les pierres. On s'est arrêté quelques heures à Swakopmund, une station balnéaire digne des côtes de la Baltique, dont les rues portent encore les noms du Kaiser ou de Bismarck. De jolis cafés, des magasins chics. Comme partout en Namibie, les entreprises sont d'abord l'affaire de la minorité blanche, souvent des descendants d'Allemands. La pauvreté est palpable. De jeunes Noirs traînent le long des routes que recouvre le sable.

Le Mirage Resort, pour une nuit hors du temps au milieu du désert.

© Bertrand RIEGER/hemis.fr

Retour au train. Ce soir, c'est barbecue sur le quai. Lanternes de couleur, vin généreux et viande d'antilope pour les aventuriers en chemisette de soie. Demain, désert du Namib. On dort dans un château fort inspiré de Walt Disney, où le repas est servi par des garçons en livrée sous des lustres en cristal. Mais, au matin, il faut se rendre à l'évidence, le ciel est voilé et notre photographe désespéré : il est sans lumière devant les plus belles dunes du monde. Heureusement que le lac salé du Dead Vlei et ses arbres fossilisés invitent aux photos gothiques, façon Tim Burton. Ici, de toute façon, tout ou presque est photogénique. Lors d'un arrêt dans une station-service en plein désert, il a pu photographier sur le mode pin-up une routarde bien cambrée, perchée sur un vieux pick-up. Ce soir, le lodge nous fait une jolie surprise : une balade dans le désert avec arrêt cocktail au milieu de nulle part, les yeux fixés sur les collines pierreuses qui s'effacent doucement dans la nuit. Et demain ? Le train nous attend déjà.

Pratique

Namibie

© DR

Y aller

Kuoni. L'agence propose un circuit à bord du « Shongololo Express », de Windhoek, en Namibie, au Cap, en Afrique du Sud. Parmi les grands moments de l'itinéraire : safari dans le parc d'Etosha et traversée du désert du Namib. 16 jours/13 nuits, à partir de 7 750 euros/pers., vols, transferts, 8 nuits à bord du « Shongololo » en catégorie Elephant, 5 nuits en hôtels et lodges 2 à 4 étoiles, demi-pension, quelques déjeuners, excursions et visites en bus inclus. 01.55.87.80.54, www.kuoni.fr.
« Shongololo Express ». Service très sympathique mais strict sur les horaires, cabines (dont certaines sont des suites) très confortables avec jolies petites salles de douche et toilettes Art déco, restaurant soigné avec viandes sauvages - carpaccio d'autruche, steak de springbok au porto... - et délicieux desserts. Seul bémol : il faut faire des kilomètres de bus pour voir les sites les plus intéressants.

Namibie © RIEGER Bertrand  RIEGER Bertrand / hemis.fr

Le train Shongololo express, dans la cabine du wagon-lits.

© RIEGER Bertrand RIEGER Bertrand / hemis.fr

Dormir

Mirage Resort and Spa. Près des dunes du Sossusvlei, planté sur le sable au milieu de nulle part, un ensemble de bâtiments en forme de château avec piscine. Grandes chambres joliment décorées. Le dîner est servi dans de la porcelaine et des verres à pied devant le coucher de soleil. Déconcertant. A partir de 184 euros/pers. la nuit en demi-pension, www.mirage-lodge.com.

Le Mirage Resort, pour une nuit hors du temps au milieu du désert.

© Bertrand RIEGER/hemis.fr

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