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Grève des cheminots : la SNCF manipule les graphiques de mobilisation comme ça l'arrange
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SNCF, montage Marianne

Grève des cheminots : la SNCF manipule les graphiques de mobilisation comme ça l'arrange

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La SNCF publie chaque jour de grève, via son service de communication, le "taux de participation" au mouvement. Mais ses graphiques souffrent d'étranges distorsions d'échelles...

Quel meilleur outil qu'un graphique pour montrer l'évolution d'une situation ? A la SNCF, depuis le début de la grève perlée des cheminots, on privilégie ce moyen visuel pour montrer si la mobilisation se durcit ou au contraire, s'effrite. Taux de participation global ou par catégories de métiers, tout est présenté dans un seul fichier à chaque épisode de grève afin de permettre à chacun de se faire une idée de l'état de santé du mouvement. Mais la direction de l'entreprise publique étant juge et partie, la tentation devait être trop grande de prendre quelques libertés avec l'échelle des graphiques pour ses propres intérêts... Et la SNCF n'a pu résister, récidivant cette semaine avec une nouveauté : elle a utilisé le procédé dans les deux sens !

Ainsi ce mercredi 18 avril, pour le premier jour du quatrième épisode de la grève des cheminots, la mobilisation était en baisse. La compagnie a publié sur son site les chiffres de la journée : "Le taux de grévistes en milieu de matinée s'établit à 19,84% : 4 cheminots sur 5 travaillent aujourd'hui". Soit une baisse de 2,66 points par rapport au 13 avril. Mais le graphique présenté pour illustrer cette baisse laisse penser que la mobilisation s'est effondrée... aux deux tiers !

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Problème : le lendemain, ce jeudi 19 avril, retournement de situation, le taux de grévistes est reparti à la hausse ! Quelque 22,73 % des personnels ferroviaires n'ont alors pas pris leur service, soit 2,89 points de plus que la veille. Si la SNCF avait gardé la même échelle de graphique que la veille, le bond aurait été visuellement spectaculaire... Alors, ni une ni deux, l'échelle a été ajustée. Alors que l'écart est similaire à celui de la veille, et même légèrement supérieur donc, l'évolution sur le graphique paraît cette fois infime. Le tour est joué !

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Ce n'est pas la première fois que la SNCF utilise aussi grossièrement ses infographies pour minimiser le taux de participation à la grève. Le 4 avril, au deuxième jour du mouvement, son service communication avait utilisé les mêmes ficelles pour dessiner une démobilisation massive des cheminots. Ce qui n'avait pas échappé à certains internautes qui se sont empressés de corriger ces manipulations. Là, ils vont pouvoir le refaire dans l'autre sens.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne