Des scientifiques ont découvert des quantités de mercure astronomiques dans le permafrost, le sol gelé de l'Arctique. Or la fonte des glaces aurait pour conséquence de libérer tout ce métal dangereux. Il pourrait contaminer poissons et animaux marins et ainsi remonter la chaîne alimentaire, menaçant à terme notre santé à tous. 

Des chercheurs ont découvert la plus grande réserve de mercure de la planète. Elle se trouve dans les sols glacé de l’hémisphère Nord. Le permafrost stocke en effet deux fois plus de mercure que le reste des sols, de l’atmosphère et des océans de la Terre. Cette découverte a des implications importantes pour la santé humaine et les écosystèmes. 
Pour mener à bien leur recherche (1), les scientifiques ont foré 13 carottes de sol de pergélisol à divers sites en Alaska entre 2004 et 2012 pour déterminer la quantité totale de mercure enfermée sous la glace. Alors qu’ils s’attendaient à en trouver très peu, les résultats sont effarants. 1 656 millions de kilogrammes de mercure y sont présents. 863 millions de kilogrammes se trouvent dans la couche superficielle du sol qui gèle et dégèle chaque année et 793 millions de kilos sont gelés dans le pergélisol. Au total, cela permettrait de remplir l’équivalent de 50 piscines olympiques.
30 à 90 % du pergélisol dégelé d’ici 2100 
"Il n’y aurait pas de problème si tout restait gelé, mais nous savons que la Terre se réchauffe", a déclaré l’auteur principal de l’étude, Paul Schuster, hydrologue de l’US Geological Survey. "Ce qu’il se passe en Arctique ne reste pas en Arctique", affirme Kevin Schaefer, de l’université du Colorado, co-auteur de l’étude. "Très vite, cette grande quantité de mercure se propagera partout sur la Terre".
On sait que la fonte des glaces est déjà en cours dans l’hémisphère Nord en raison de la hausse des températures. Les modèles climatiques prévoient une réduction de 30 à 90 % du pergélisol d’ici 2100. Cela va libérer une quantité importante de mercure qui va affecter les écosystèmes aquatiques et s’infiltrer dans la chaîne alimentaire. Or le mercure est un poison pour l’Homme et peut avoir des effets nocifs sur le système nerveux et reproductif. 
Pour les scientifiques, la prochaine étape va consister à modéliser l’impact du changement climatique sur la libération du mercure par le permafrost, ainsi que sa propagation dans le monde entier. "24 % de tout le sol au-dessus de l’équateur est du pergélisol, et il y a cet énorme bassin de mercure emprisonné. Que se passera-t-il si le pergélisol dégèle ? Jusqu’où le mercure remonterait-il dans la chaîne alimentaire ? Ce sont d’importantes questions auxquelles nous nous devons de répondre", expliquent-ils.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir l’étude publié dans le National Snow and Ice Data Center 

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