Les sanctions annoncées le 17 mars par le président Obama à
l’encontre de la Russie et de ses collaborateurs en Ukraine sont censées causer des dommages économiques. Pour juger de leur efficacité, il suffit de voir la réaction, le jour même, de la Bourse et du marché des devises en
Russie. Ils ont bondi, célébrant l’événement.

Alors que Vladimir Poutine dépasse les
pires prédictions
, la réaction des Etats-Unis et de leurs alliés est jusqu’ici en deçà de leurs menaces et de ce qu’attendaient les marchés. A moins que l’Ouest ne durcisse rapidement ses mesures contre
les oligarques, les intermédiaires et les banques qui appuient le régime de
Moscou, il est probable que l’on assiste à de nouvelles agressions.

Les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) avaient promis de passer
à l’action dès le 17 mars si le référendum était maintenu. La chancelière
allemande Angela Merkel avait assuré que la Russie subirait “des dégâts
considérables, économiquement et politiquement”. Mais, le jour venu, la
Maison-Blanche n’a établi qu’une liste de sept responsables russes et quatre
Ukrainiens qui font l’objet d’une révocation de leurs visas et d’un gel de
leurs avoirs.Elle comprend plusieurs proches conseillers de Poutine, mais aucun des oligarques qui soutiennent son régime – et encore moins les banques et les compagnies
énergétiques qui sont le moteur de l’économie russe. L’UE, elle, a visé 21 personnes, soit là encore bien moins que ce qu’il faudrait pour causer du tort au
Kremlin.Prendre les devants

La relative bonne nouvelle, toutefois, c’est qu’Obama a signé un décret qui donne autorité à son gouvernement de prendre
des mesures plus conséquentes. Les sociétés d’armement russes sont sujettes à
des sanctions, tout comme les “individus” et “entités” qui fournissent un
“soutien matériel ou autre à tout haut responsable du gouvernement russe”.Cela pourrait permettre de viser des personnalités clés
épargnées par les listes du 17 mars. Le ministre de la Défense,
le chef des services de renseignements, les présidents des compagnies
nationales du gaz, du pétrole et des chemins de fer devraient y être inclus.
Les autorités américaines ont également les moyens de frapper les banques et
entreprises qui investissent en Crimée.

Obama s’est pour l’instant gardé de prendre des mesures plus dures, offrant à Poutine la possibilité de sauver la face et d’arrêter
l’escalade. C’est une politique raisonnable mais elle ne pourra réussir
si Poutine est décidé, ce qui semble être le cas, à écraser l’Ukraine au mépris
des réactions occidentales. Il n’est pas trop tard pour le contraindre à revoir sa ligne. Mais, pour cela, l’Occident doit prendre les devants en adoptant des mesures vraiment douloureuses, au lieu d’attendre sa prochaine agression.

Publié le 18 mars