Morbihan : les îles du Ponant s'organisent pour préserver leur eau potable

Confrontées à la pression touristique et au réchauffement climatique, les îles du Ponant ont décidé de s'organiser afin de préserver la ressource.

Île de Houat (Morbihan), vendredi. La grande majorité des îles du Ponant ne sont pas reliées au réseau continental de distribution d’eau, ce qui en fait une ressource à utiliser avec modération.
Île de Houat (Morbihan), vendredi. La grande majorité des îles du Ponant ne sont pas reliées au réseau continental de distribution d’eau, ce qui en fait une ressource à utiliser avec modération. LP/Solenne Durox

    Isolé entre les dunes et l'océan sur l' île de Houat, dans le Morbihan, le fort d'En Tal, construit au XIXe siècle, abrite aujourd'hui des chambres d'hôte. Sa propriétaire, May de Fougerolles, se souvient encore du temps pas si lointain où il n'y avait pas d'eau courante : « Nous allions en chercher aux fontaines avec des jerricans et une carriole. »

    Comme les autres habitants, elle sait combien cette ressource est précieuse, surtout sur ce petit caillou coupé du reste du monde. Il est donc aujourd'hui naturel pour elle de distribuer des kits de sensibilisation aux écogestes à tous les visiteurs qui séjournent chez elle. Un autocollant dans la cuisine incite notamment à récupérer l'eau de rinçage de la salade.

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    Cette initiative s'intègre dans un dispositif global lancé le 20 mars par les treize îles du Ponant. Sur ces territoires éloignés du continent, la population peut être multipliée par dix l'été. L'approvisionnement en eau potable représente un enjeu vital. Si une partie des îles est reliée au réseau de distribution continental, la grande majorité ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour avoir accès à cette ressource essentielle. Elles ont alors recours à diverses solutions : usine de dessalement, systèmes de récupération des eaux de pluie, barrages ou forages.

    L'inquiétude est permanente à Belle-Ile

    La menace d'une pénurie se pose de manière chronique, notamment à Belle-Ile-en-Mer, qui a connu plusieurs pannes sèches. La dernière fois, en 2005, les habitants avaient été ravitaillés par un cargo durant plusieurs mois.« C'est simple, s'il ne pleut pas, on n'a pas d'eau. C'est une inquiétude permanente », explique Annaïck Huchet, maire de Bangor, une des communes de Belle-Ile. Si les insulaires font attention à leur consommation, ce n'est pas le cas des touristes qui, après la plage, enchaînent les douches l'été et rincent leurs combinaisons à grande eau. Estimant que le prix de l'eau est compris dans celui de la location...

    Il y a donc urgence à mettre en place un plan d'actions pour préserver la ressource et sensibiliser. En plus d'une campagne de communication, des kits d'économiseur d'eau seront mis à disposition de tous les foyers pour un prix modique de 2 euros. La municipalité d'Houat a aussi instauré une réglementation pionnière qui oblige chaque propriétaire d'une maison à disposer d'une citerne, proscrit l'imperméabilisation totale des parcelles et interdit les piscines.

    « Cette dernière mesure a beaucoup choqué mes collègues des îles méditerranéennes », s'amuse la maire, Andrée Vielvoye. Les Houatais devront donc se contenter de bains vivifiants dans l'océan...