Essonne : la préfète désarme la police municipale de Wissous

Après l’altercation du 8 avril entre le maire et des gens du voyage, la préfecture de l’Essonne a décidé de ne plus autoriser la commune à armer ses policiers, à titre préventif.

 Wissous. La ville de Wissous ne peut plus armer ses policiers municipaux.
Wissous. La ville de Wissous ne peut plus armer ses policiers municipaux. LP/L.D.

    Les policiers municipaux de Wissous ne sont désormais plus habilités à détenir une arme. Par un arrêté daté du 19 avril, Josiane Chevalier, préfète de l'Essonne, a décidé d'abroger l'autorisation accordée à la commune d'acquérir, détenir et conserver des armes destinées à sa police municipale. Cette décision fait suite à l'altercation qui avait opposé le maire Richard Trinquier (DLF) à des gens du voyage le 8 avril dernier.

    Sabre japonais à la main et arme de poing dissimulée sous ses vêtements et son gilet pare-balles, rappelle l'arrêté, l'élu s'était opposé à l'installation de caravanes sur le parking d'une crèche privée de sa ville, accompagné de trois policiers municipaux. L'arrêté préfectoral évoque également « l'état d'alcoolémie » du maire au moment de faits, qui « démontre une méconnaissance caractérisée des missions dévolues aux autorités détentrices du pouvoir de police municipale ». Le document fait enfin état de « graves atteintes à l'ordre public » et de la nécessité de « prévenir tout risque de réitération ».

    Conséquence, la commune dispose de trois mois pour déposer la totalité de son armement au commissariat de police de Massy, où il sera gardé à titre conservatoire. L'arrêté vise huit revolvers de calibre 38 Spécial, huit pistolets 9 mm Luger et leurs munitions, ainsi que deux lanceurs de balle de défense, huit tonfas, huit matraques télescopiques et sept aérosols de gaz incapacitant.

    Le maire de Wissous, Richard Trinquier, est venu armé d’un sabre exiger le départ de gens du voyage qui venaient s’installer sur le parking d’une crèche de sa commune./DR
    Le maire de Wissous, Richard Trinquier, est venu armé d’un sabre exiger le départ de gens du voyage qui venaient s’installer sur le parking d’une crèche de sa commune./DR LP/L.D.

    « C'est une décision justifiée et j'espère que ce n'est qu'un début, se réjouit Olivier Perrot, élu d'opposition municipale (LREM). Richard Trinquier a le statut de chef de la police municipale et cet arrêté signifie clairement que la préfète n'a plus confiance en la façon dont il agit. »

    De son côté, le Syndicat de Défense de policiers municipaux (SDPM) évoque une décision « scandaleuse et ubuesque ». « Dans cette affaire, l'action des policiers municipaux n'est à aucun moment remise en cause. Aux yeux du procureur de la République, ce sont des victimes, s'emporte ainsi Cédric Michel, président du SDPM. Pour une action à l'initiative d'un maire, on désarme des policiers qu'on expose ainsi au danger. On sait très bien qu'une PM non armée ne sert à rien. Pour ma part, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une décision politique dont les policiers municipaux de Wissous, qui ne font pas de politique, paient les conséquences. »

    Le syndicat annonce sa volonté de déposer un recours en justice. « Nous demanderons 15 000 € d'indemnité pour faute de l'Etat », conclut Cédric Michel.

    Contacté, Richard Trinquier a refusé de commenter cet arrêté préfectoral. Le maire est en revanche revenu sur l'épisode du 8 avril dans un courrier également daté du 19 avril et distribué aux habitants. Il soutient avoir été mis en joue par un membre du groupe des gens du voyage avec un fusil de chasse. « Un des policiers municipaux a sorti son arme pour me protéger et empêcher de me faire tuer », écrit-il. « J'avais bu deux verres de vin pendant mon déjeuner familial », reconnaît Richard Trinquier qui se dit enfin « conscient des responsabilités qui (lui) incombent » en ses qualités de maire et de médecin anesthésiste. « Je me dois d'être maître de mes moyens à tout moment », ajoute l'élu qui sera jugé par le tribunal correctionnel d'Evry le 14 juin. Accompagné de sa femme, d'un ferrailleur de la commune et d'un membre de la communauté des gens du voyage.

    Les images du maire de Wissous menaçant des gens du voyage avec un sabre